Paragomphus genei (Gomphidae) est vraiment une heureuse surprise, je n’en avais jamais rencontré à l’étranger en dehors des voyages odonatologiques et comme tous les Gomphidae, il tient une place spéciale au cœur des odonatophiles. Il se trouvait sur la berge, juste à la limite de l’eau du lac Awasa, parmi les ordures accumulées ici par le vent…
Il est assez petit, 37 à 50 mm, et accepte une grande variété d’habitat, des mares temporaires, lacs et étangs aux rivières. C’est d’ailleurs le Gomphidae le plus commun en Afrique (1).
Le genre Paragomphus ( Cowley, 1934 ) est instantanément identifiable par ses appendices anaux mâles, ce qui manquait à Selys qui a décrit l’espèce à partir d’une femelle et l’a classée dans le genre Gomphus (Gomphus genei)(2). Voir ici ceux de Paragomphus capricornis au Vietnam.
Dans ce document (2) De Sélys explique le nom de l’espèce: « Je l’ai dédié au savant professeur Géné (sic), si connu par ses excellents ouvrages sur les reptiles et les insectes de la Sardaigne et à l’obligeance duquel je dois la communication qui m’a été faite des Libellules du musée de Turin« . L’espèce n’était alors connue que de Sicile (découverte par le sieur Ghiliani) et l’holotype était au musée de Turin. Cette description étant sans équivoque je ne comprends pas pourquoi dans « A Guide to Dragonflies and Damselflies of South Africa », Warwick et Michèle Tarboton écrivent « type from Egypt in 1871″…
Ne parlant pas Italien je n’ai pas réussi à trouver la moindre information sur ce fameux professeur et je remercie d’avance les lecteurs qui m’aideront à l’identifier! Merci à Bertrand Piney qui a identifié ce professeur comme Guiseppe Gené (1800-1847), sans accent sur le premier « e », zoologiste et entomologiste, professeur de zoologie et directeur du musée zoologique royal de Turin qui a effectivement publié « De quibusdam insectis Sardiniae novis aut minus cognitis » sous le nom de Josepho Gené.
Même s’il existe de grosses lacunes dans sa répartition africaine, en particulier l’Afrique Saharienne, il est présent dans tout le sud (ici en Namibie) et le nord de l’Afrique, jusqu’en Israël au Nord, mais aussi en Europe, Portugal, Espagne et Italie. Depuis ce mois de juin 2019 son autochtonie en Corse a été démontrée sur une rivière du sud-ouest de l’île.
-1- Pinhey, E.C.G. (1971). Odonata collected in Republique Centre-Africaine by R. Pujol. Arnoldia, 5, 1-16.
-2- de Sélys-Longchamps, E. (1841). Nouvelles Libellulidées d’Europe – analyse de l’ouvrage du Dr Hagen. Revue Zoologique Societe Cuvierienne, 4, 243-246.
Cet article fait partie des odonates observés en Éthiopie, pour revenir à la page des Odonates d’Éthiopie cliquer ici.