Libellules Siciliennes 1/3
Selysiothemis nigra
A l'ouest de la pointe de la botte italienne la mi-juillet est chaude...La végétation est souvent grillée et mes pérégrinations ne m'ont jamais approchées d'un point d'eau digne de ce nom. Même le jardin botanique de Palerme qui recèle quelques bassins abrite surtout des moustiques. Mais aussi un Crocothemis erythraea mâle et un Ischnura elegans mâle... maigre bilan d'une visite que je prévoyais pourtant fructueuse.
Selysiothemis nigra mâle
Peu commun dans le sud de l'Europe le Selysiothemis nigra est un spécialiste des zones arides. Il n'est pas très élégant avec sa grosse tête et son corps noir légèrement pruineux. Mais il révèle un caractère unique; une nervation quasiment transparente qui rend ses ailes presque tranparentes à quelque distance.
Ses ptérostigmas clairs bordés de 2 traits noirs, en signe "=" sont également typiques.
Selysiothemis nigra mâle
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Cet unique mâle a été observé le 12 juillet 2009 sur le site archéologique de Sélinonte ( ouest de la Sicile) dans son habitat typique: une zone déssèchée en vue de la mer, mais sans doute à grande distance d'un point d'eau douce.
Sur ce même site, un autre amateur de chaleur, page suivante, Trithemis annulata.

Si ce mâle Selysiothemis nigra sicilien se trouve lié aux libellules françaises c'est que l'espèce a été découverte en France continentale le 24 juillet 2020 par Mathias Lohr, dans le Var. 2 exuvies prouvant la reproduction locale ont également été collectées.
L'espèce est contactée en Corse depuis 2015 et son apparition dans le sud de la France n'était donc pas exclue.
Mais si la reproduction locale est établie par la présence des exuvies, on ne sait pas si les larves sont capables de supporter l'hiver, même dans le sud de la France ; il est en effet possible / probable que ces sujets soient issues de ponte de début d'été ou de fin de printemps par des adultes ayant fait le voyage trans méditerranéen. Seules des récoltes printannières d'exuvies pourraient prouver l'autochtonie véritable.

Le 26 avril 2023, M. Jean-Louis Lavigne m'a contacté pour me signaler qu'il avait fait des photos de l'espèce le 29 juin 2018, plus de 2 ans avant la date mentionnée dans la publication de Mathias Lorr. Malheureusement, ces données n'ont apparemment pas atteint le réseau "officiel" mais sont consultables sur ce site très connu de toux ceux qui s'intéressent à l'entomologie (en bas de page).


La pruine (qui vient sans doute de "prune") est la fine couche cireuse et pulvérulente (poussièreuse!) de couleur bleuâtre ou blanchâtre qui recouvre l'abdomen, le thorax ou certaines parties de ceux-ci lorsque le sujet est adulte ou vieillissant.
Réseau de nervures qui forme la trame de l'aile.