
Orthetrum triangulare est facile à identifier : la face, le thorax, les deux premiers segments et les derniers sont très sombres, presque noirs, seule la partie médiane de l’abdomen est bleue, couverte d’une pulvérulence blanchâtre ou bleutée. À la base des ailes postérieures, on relève une petite tache sombre triangulaire.
Au Laos ou en Malaisie, je n’avais vu que des mâles matures. J’ai pu voir au Vietnam, un mâle immature, un accouplement (de loin) et des femelles (en ponte).


Il mesure environ 48 mm et sa distribution s’étend de l’Afghanistan à Hong Kong et du sud de la Chine à l’Indonésie.
IUCN Red List.
Son aire de distribution étant gigantesque, il a droit à plusieurs noms vernaculaires attribués par les anglophiles : Lesser Blue Skimmer, qui le compare sans doute à O. glaucum, et Blue-tailed Forest Hawk, qui est plus surprenant, car l’extrémité de son abdomen est plutôt noire. Mais cette dernière appellation renseigne sur son habitat, et en effet, nous l’avons rencontré sur des mares forestières, en aires un peu ouvertes.
Jeune, comme presque toujours pour les Libellulidae, il ressemble aux femelles :

J’ai pu observer le 5 juin à Pia Oac un accouplement, repéré errant en vol, qui a fini par se poser à bonne distance de mon appareil photo et s’est séparé presque aussitôt posé. La femelle a tout de suite commencé à pondre, le mâle restant à la surveiller pour écarter d’éventuels autres mâles.


Enfin à Khau Pha, j’ai rencontré la femelle ci-dessous qui pondait le long de la berge, assez à l’ombre malheureusement.
Les femelles ressemblent beaucoup aux femelles O. glaucum ; on les différencie par leurs bandes jaunes thoraciques latérales qui sont plus larges et dont l’antérieure se prolonge vers l’arrière dans sa partie supérieure.
Les femelles O. luzonicum n’ont pas de bande sombre au milieu du thorax.
Ici, un comparatif de ces trois femelles.

Étymologie
Selys a brièvement décrit l’espèce sous le nom de Libella triangularis, qu’il trouve très proche de l’espèce qu’il décrit juste au-dessus sous le nom de Libella clelia, qui deviendra Orthetrum testaceum.
Orthetrum (2) vient de deux mots grecs, orthos signifiant « droit » et etron « abdomen« , ceci pour signifier que les côtés de l’abdomen sont parallèles. Ce nom de genre (neutre) créé par Newman en 1833 a perdu sa pertinence avec la découverte de nouvelles espèces, mais le nom est resté.
Triangulare du latin triangulus qui signifie bien sûr doté de trois angles, qui se rapporte certainement à la forme de la tache sombre de la base des ailes postérieures que décrit Selys.
1- Selys, 1878 – Odonates de la région de la Nouvelle Guinée. I. Considérations sur la faune de la Nouvelle Guinée, des Moluques et de la Célèbes. Mittheilungen aus dem K. Zoologischen Museum zu Dresden, 3, 289–323. P. 314.
2- The Naming of Australia’s Dragonflies, Ian Endersby & Heinrich Fliedner, Busybird publishing.