
Teinobasis suavis est un très rare Coenagrionidae, et s’il y a quelques photos de femelles sur le web, les premières ont été prises par notre équipe lors de cette prospection. On ne trouve pas de mâle en photo.


Mâles et femelles ont un fond vert pâle, la face dorsale de l’abdomen et du thorax vert sombre métallisé, mais ce qui les différencie aisément de tous les autres Teinobasis dont la face dorsale du thorax est sombre est la coloration du segment 9 légèrement orangés à franchement rouge orangé (« ground-colour of 9th segment deep xanthine-orange » (1)). Cette espèce est un peu à part parmi les Teinobasis su Sundaland, pour ce détail, sa petite taille, mais aussi pour un détail de nervation qu’il est le seul à posséder (nervure 1A très réduite) (2).
Nous avons rencontré deux femelles dans la tourbière forestière du campus d’une université de Kuching, en présence de Rory Dow, expert odonatologiste de Bornéo et de la grande région, qui les a identifiées. Les 2 étaient très près du sol (de la boue, de l’eau ou de la litière de feuilles, plus exactement), l’une était en ponte.


Lieftinck nous dit que la femelle mesure 27 avec les appendices anaux, Rory Dow, 26 mm sans les appendices anaux. Elle doit atteindre 32 mm au total.
Les femelles Teinobasis suavis diffèrent aussi par leur pronotum de toutes les autres espèces du Sundaland.

Sa distribution est encore problématique ; il est certain que cette espèce est endémique de Bornéo, mais si Rory Dow semble quasi certain que notre espèce est bien Teinobais suavis, il laisse un doute tant qu’un mâle n’a pas été découvert sur cette tourbière, car c’est l’unique endroit en dehors du Kalimantan où elle est connue ! Extrêmement rare, en 2017 elle n’était connue que de deux endroits seulement au Kalimantan.

Étymologie
Teinobasis (3) ; Selys avait décrit cette espèce comme appartenant aux Telebasis, qui est un genre exclusivement américain. Kirby, lorsqu’il a créé ce nouveau genre en 1890 a remplacé le mot grec –tele, signifiant – à distance, par –teino, pour étendre, ceci pour souligner le fait que l’aile est très pétiolée et que ce rétrécissement s’étend, selon les mots mêmes de Selys « jusqu’à l’origine du quadrilatère après la nervure post-costale ».
Suavis du latin suavis qui signifie doux, agréable, esthétiquement attrayant, charmant. Lieftinck ne donne pas d’indication, ne fait pas de remarque signalant qu’il trouve cette espèce spécialement attrayante, mais gageons qu’il a tout de même été séduit par son habitus et sa petite taille.
Teinobasis suavis femelle, Sarawak, Kuching, 25/03/2025

1- Lieftinck, 1953 – ADDITIONS TO THE ODONATE FAUNA OF THE INDO-AUSTRALIAN ARCHIPELAGO – Treubia, 22(1), 233-269. P. 244.
2- Dow, 2010 – A review of the Teinobasis of Sundaland, with the description of Teinobasis cryptica sp. nov. from Malaysia (Odonata: Coenagrionidae)– International Journal of Odonatology 13 (2) 2010: 205-230.
3- The Naming of Australia’s Dragonflies, Ian Endersby & Heinrich Fliedner, Busybird publishing.