
Je n’ai vu Orthetrum chrysis que dans le parc de Cuc Phuong, c’est-à-dire un peu au sud d’Hanoï, à faible altitude, et je n’ai que ces deux photos à montrer. Au Vietnam, il est bien difficile de le confondre avec un autre odonate, Orthetrum testaceum n’est pas présent.
Mais Selys, qui l’a nommé Libellula chrysis (« Race ? L. chrysis, Selys ») dans « Viaggo di Leonardo Fea in Birmanie Regioni Vicine, Odonates de Birmanie, 1891) le compare et le différencie justement de Libellula (Orthetrum) testaceum. Ici un comparatif, car là où les deux espèces sont présentes, la confusion est possible pour un amateur comme je l’étais, plus encore en Malaisie, où je les ai côtoyés.
Selys a bien remarqué la touffe de soie sous le deuxième segment, on la devine à peine sur la photo ci-dessus. Noter d’ailleurs qu’un de ses nombreux noms vernaculaires anglais est Spine-tufted skimmer. Cette touffe est absente pour O. testaceum.
Un autre nom vernaculaire anglais remarque la face dorsale non colorée, brune, presque comme le reste du thorax : Brown-backed red marsh hawk, ce qui le différencie une fois encore de son cousin.
Selys mentionne également, ce que l’on constate, les fémurs roussâtres.
Il mesure 41 à 48 mm (1), se plaît sur les mares, petits étangs où les marais comme celui où sont faites ces photos ; une aire ouverte et couverte d’herbes assez hautes, en limite de forêt, dans laquelle nous nous sommes déplacés avec précaution, empruntant tous le chemin de celui qui passait le premier… Certains écarts ou initiatives ont été sanctionnés, au moins par le remplissage des bottes, ce qui est commun dans ce sport, mais aussi par une application de vase plus ou moins pestilentielle.

On le trouve en Inde (sauf l’extrême nord-ouest), jusqu’au sud de la Chine et Hong Kong et aux Philippines, à l’est et au sud jusqu’en Indonésie et aux îles de la Sonde en passant par la Malaisie, Singapour et Bornéo.
IUCN Red List.
Je l’avais rencontré plus longuement en Malaisie où l’on trouvera plus de photos, des clichés de femelles et un accouplement.
Étymologie
Orthetrum (3) vient de deux mots grecs, orthos signifiant « droit » et etron « abdomen« , ceci pour signifier que les côtés de l’abdomen sont parallèles. Ce nom de genre (neutre) créé par Newman en 1833 a perdu sa pertinence avec la découverte de nouvelles espèces, mais le nom est resté.
Chrysis, du grec khrýsis, dorure, recouvrir d’or. Je ne partage pas l’opinion de Ngiam et Ng (1) qui rattache l’étymologie à Chrysis, une prêtresse de la déesse Hera, qui par inadvertance mit le feu à son temple, la couleur de la libellule rappelant celle du feu (?). Je pense plutôt que cette couleur dorée est à rapprocher de deux caractères qui semblent distinguer cette espèce de O. testaceum, selon Selys ; à deux reprises, il utilise en effet la couleur roussâtre : le font roussâtre obscur – fémurs en partie roussâtres.
1- Robin Ngiam & Marcus Ng – A photographic guide to the Dragonflies and Damselflies of Singapore – John Beaufoy Publishing – 2022
2- The Naming of Australia’s Dragonflies, Ian Endersby & Heinrich Fliedner, Busybird publishing.