Sympetrum fonscolombii (Selys, 1840)

Sympetrum fonscolombii mâle, Étang de Péronne (F-49), 24/05/2020
Sympetrum fonscolombii mâle, Étang de Péronne (F-49), 24/05/2020

Sympetrum fonscolombii, le Sympétrum de Fonscolombe ou Sympétrum à nervures rouges, est un Libellulidae migrateur et vagabond, qui peut être commun un jour sur un plan d’eau, totalement absent le lendemain. On peut le voir immature en nombre sur un étang et ne plus le trouver du tout quelques jours plus tard.

Description – Identification

Les mâles matures sont rouges ; la face est rouge avec une forte ligne noire le long des yeux, yeux qui sont bleus dans leur partie postéro-inférieure. Le thorax est rouge marqué d’une bande jaune médiane qui s’atténue avec l’âge, l’abdomen rouge brillant porte de fortes marques noires bien délimitées sur les segments 8 et 9. Les pattes sont noires, brillantes, avec une ligne jaune postérieure bien définie. Les ailes portent une tache alaire basale ambrée parfois très discrète, la nervation, à la base de l’aile et le long de la nervure costale, est rouge. La marge des ptérostigmas jaunes est soulignée de noire en signe « = ». Il mesure 33 à 42 mm avec une aile postérieure de 32 mm.
On peut le confondre avec nos Libellulidae rouges, mais les critères distinctifs sont nombreux : S. sanguineum a les pattes noires, S. striolatum ne présente pas de nervures rouges ni de larme noire le long de l’œil, S. meridionale a les pattes surtout jaunes et pas de marque noire sur les derniers segments, C. erythraea montre des pattes rouges, pas de noir sur la face et un abdomen nettement plus large. Voir ici : Identifier les Sympetrum mâles.

Sympetrum fonscolombii femelle, Saint Philbert du Peuple (F-49), 28/05/2023
Sympetrum fonscolombii femelle, Saint Philbert-du-Peuple (F-49), 28/05/2023

Les femelles sont jaunes et deviennent parfois rouges en vieillissant, mais elles ont la face claire, des larmes noires le long des yeux dont la base postérieure est bleue, comme les mâles. Le thorax est jaune ocré, les pattes noir brillant marquées d’une ligne jaune postérieure. Les nervures antérieures des ailes sont beaucoup moins (ou pas) colorées, les ptérostigmas ont des marges noires plus faibles. La face inférieure de l’abdomen reste jaune, sa face dorsale jaune ocrée ou rouge terne, les marques noires sont présentes sur S8 et S9. Il est difficile de la confondre avec une autre femelle Libellulidae.

Habitat et distribution géographique

Bien qu’en principe, on puisse trouver Sympetrum fonscolombii sur tout type d’eaux stagnantes (et même très faiblement courantes) en raison de sa faculté de dispersion, il préfère les milieux lentiques de plaine, ensoleillés, mais souvent très peu végétalisés ou très récents (carrières), même saumâtres, et il est commun près des côtes Méditerranéenne ou Atlantique, jusqu’aux mares sur les dunes.

En France, on le rencontre dans tous les départements, avec une nette prédominance le long de la côte Atlantique et le sud.
Atlas dynamique des Odonates de France
Sur le plan mondial, son aire de distribution est gigantesque, du sud de la Grande-Bretagne et de la Scandinavie à l’Afrique du Sud, puis de la moitié sud de la Russie et de l’Asie Centrale, à travers la Turquie, l’Iran jusqu’en Inde et au Népal. Sa répartition comporte néanmoins d’importantes lacunes, notamment dans l’est de l’Afrique, l’Asie du Sud-Est et la Chine puisqu’il atteint le Japon !
Il est démontré que l’espèce s’étend vers le nord et le rôle du réchauffement global est certainement primordial.
IUCN Red List

Sympetrum fonscolombii mâle immature, Le Puiset Doré (F-49), 11/08/2021
Sympetrum fonscolombii mâle immature, Le Puiset Doré (F-49), 11/08/2021
Comportement – Écologie

Les accouplements se constituent en vol, se poursuivent posés et durent une quinzaine de minutes. La ponte s’ensuit, généralement en couple où la femelle largue ses œufs en eau libre. Dans le sud, l’éclosion survient en 2 ou 3 semaines et la phase larvaire dure une douzaine de semaines ; plusieurs générations peuvent alors se succéder, alors que plus au nord, les larves peuvent attendre l’année suivante pour émerger.
Le plus souvent, ils ne restent pas sur les sites d’émergence, et on peut les trouver à distance de l’eau. D’énormes quantités de sujets peuvent émerger simultanément et déclencher des migrations de dizaines de milliers ou de millions d’individus. On peut lire à ce sujet « Phénomènes migratoires chez Sympetrum fonscolombii (Selys, 1840) dans les Alpes du Sud », par François Breton. En France, en dehors de ces phénomènes exceptionnels, il est tout de même rarement rencontré en grand nombre.
Cette faculté de dispersion fait que sur un même site, on peut rencontrer des émergences et des imagos vieillissants.

Période de Vol

En raison de sa biologie particulière, de l’étalement des émergences, la période durant laquelle on peut le rencontrer, en France, s’étend de fin mars à fin novembre. Mais ces dernières années, avec en plus une pression d’observation toujours plus forte, ces limites s’étendent et il n’est pas rare, dans le sud, de consulter des enregistrements en décembre, d’autres tout de même exceptionnels en janvier.
Mais son pic d’activité est tout de même le plein été, juin, juillet et août.

Étymologie

Sympetrum, du grec Sym-piézein, « compressé » et etron, « abdomen ». Newmann (1833) qui a créé le genre croyait, de façon erronée, que l’abdomen compressé une caractéristique du genre, ce qui est étonnant, car ce n’était déjà pas vrai pour toutes les espèces connues à l’époque.
Fonscolombii est un hommage de Selys à l’entomologiste français Boyer de Fonscolombe.

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