Pseudocopera ciliata est certainement un des plus beaux et élégants zygoptères, un membre des Platycnemididae.
Je l’avais rencontré en Malaisie, surtout la femelle, et à ce moment, en 2013, il faisait partie du genre Copera. Ce genre Copera a été créé en 1890 par Kirby pour accueillir les Psilocnemis de Selys. En effet, Selys avait décrit l’espèce en 1863 sous le nom de genre Psilocnemis, nom qui était pré-occupé par un scarabée décrit par Burmeister en 1842. Mais il existait trop de différences entre les membres du genre Copera.
Et Dijkstra et al. l’ont placé en 2014 dans le genre Pseudocopera créé par Fraser pour une espèce, Pseudocopera arachnoides qui a finalement été synonymisée avec Pseudocopera ciliata… Pourtant, un peu auparavant, dans « Distinct genetic clades of Malaysian Copera damselflies and the phylogeny of platycnemine subfamilies », Phaik-Eem Lim, Ji Tan, Praphathip Eamsobhana & Hoi Sen Yong en 2013 concluaient que Copera ciliata et annulata devraient plutôt rejoindre le genre Platycnemis.
On constate donc que la taxonomie, parfois rebutante pour les débutants, est une matière vivante apte à révéler des surprises ; l’extension et la banalisation des études génétiques apportent leur lot de découvertes. Ainsi, en 2025, apprend-t-on la synonymisation de deux espèces iconiques en Asie ; Rhyothemis phyllis disparaît pour devenir un synonyme junior de Rhyothemis variegata !
Dans sa description originale (Synopsis des Agrionines, 4° légion) de Selys insiste sur la longueur des pattes de cette espèce ainsi que sur la position très basale du nodus qu’il relève au tiers de la base au ptérostigma. Il ne parle pas des genoux marqués de noir, le mâle était alors inconnu ; il est d’ailleurs appelé Black-kneed featherlegs en anglais.
Nous ne l’avons rencontré que sur des mares ou petits étangs, mais il semble qu’il accepte aussi des eaux courantes lentes. Il mesure environ 41 mm.
Ci-dessous une femelle dans une teinte vraiment surprenante par rapport au mâle.
On le rencontre de l’est de l’Inde à Taïwan et Hong Kong, à travers le sud de la Chine, et au sud jusqu’en Malaisie et l’Indonésie.
IUCN Red List
Étymologie
Pseudocopera est composé du grec pseudo, préfixe indiquant la ressemblance, et de copera. L’étymologie de copera est incertaine (dans la mesure où Kirby ne la donne pas) mais celle que je présente assez séduisante (elle m’a été soufflée par Rhainer Guillermo-Feirrera , professeur à l’université fédérale de Triângulo Mineiro, au Brésil).
Copera serait un terme informel d’origine espagnole ou argentine, issu du latin Copa, pour « tenancière de cabaret » et à l’époque de Rambur ou de Kirby les clients masculins de ces établissements désignaient ainsi les danseuses. Il est vrai que le comportement aérien de nombreux Platycnemididae avec leurs pattes qui restent tendues en avant et leur vol saccadé ou sautillant, peut faire penser à une danse.
Ciliata, du latin cilum pour poil (des paupières !) et du suffixe atus qui signifie doté de. Selys (1863) écrit : »… à tibias non dilatés, longuement ciliés« .
Selys, 1863 – Synopsis des agrionines (Vol. 4, p. 173)