

Difficile d’imaginer un voyage en Afrique ou en Asie sans penser à rencontrer Ischnura senegalensis tant son aire de distribution est gigantesque, recouvre presque toute l’Afrique et atteint le Japon à travers l’Iran, l’Inde et la Chine. C’est le 10° pays dans lequel je le rencontre.
Ci-dessous:
1 – Ischnura senegalensis mâle, Ethiopie, Lac Awasa, 31/10/2018
2 – Ischnura senegalensis mâle, Ethiopie, lac Langano, 01/11/2018
Il mesure environ 27 mm.
Il ressemble fortement à notre Ischnura elegans mais leurs aires de distribution ne se chevauche pas même si la différenciation est aisée; on peut (entre autres) constater que la coloration bleue respecte le 7° segment (S7) , que la bande antéhumérale est souvent très étroite et, que surtout, les mâles matures sont verts, alors que nos I. elegans sont bleus.


Mais en Ethiopie on peut rencontrer 2 autres Ischnura: Ischnura abyssinica limité aux hauts plateaux, que je n’ai pas visités, et Ischnura evansi, très ressemblant au premier coup d’oeil, mais finalement assez facile à séparer de I. senegalensis… quand on connaît les critères.
2 sont des critères de coloration: les ptérostigmas d’I. evansi ne sont pas bicolores et le noir qui recouvre le 2° segment abdominal ne « descend » pas sur les côtés, en somme sur une vue supérieure ses bords restent parallèles.
Les appendices anaux sont nettement différents, les cerques d’Ischnura senegalensis étant beaucoup plus longs que les cercoïdes. Enfin sur le S10 d’Ischnura senegalensis on relève 2 minuscules tubérosités jumelles projetées vers le haut, pour I. evansi elles sont longues et projetées vers l’arrière.
1 & 2 – Ischnura senegalensis mâle, Ethiopie, lac Langano, S2, 01/11/2018
1 2
Comme souvent pour les femelles Coenagrion on rencontre 2 types de femelles I. senegalensis, l’une est dite gynomorphe ou gynochrome, l’autre andromorphe ou androchrome qui copie les couleurs du mâle mature.
Comme pour de nombreuses espèces d’Ischnura on trouve des immatures orange, spectaculaires. Beaucoup de ces petits odonates étaient parasités par des hydracariens, qui sont ces petits masses rondes rougeâtres ou brunâtres fixées préférentiellement sur le thorax.
Ils se nourrissent de l’hémolymphe (les odonates n’ont pas de sang…) et ne semblent pas en général nuire considérablement à la vie de leur hôte sauf, peut-être, en cas d’infestation très importante.
Quelques semaines après avoir publié cet article je me suis rendu compte que ce que j’avais pris pour des femelles Ischnura evansi était de bien communes I. senegalensis. Enfin, pas si commune car leur coloration pâle m’a perturbée, je n’en avais jamais vues dans ces teintes. Certaines montrent une bande antéhumérale dédoublée qui m’a perturbé mais ce sont sans doute des femelles en maturation dont la couleur noire s’étend progressivement.
Enfin ces dernières, toutes sur les rives du lac Awasa le 31/10/2018, dont une bien jeune qui porte sur son thorax des hydracariens parasites.
Cet article fait partie des odonates observés en Éthiopie, pour revenir à la page des Odonates d’Éthiopie cliquer ici.