C’est la première fois que je rencontre le mâle Orthemis ferruginea; j’avais rencontré la femelle, tout à fait au sud de son aire de distribution, au Costa Rica (Guanacaste).
Les mâles matures sont difficilement discernables (par leur taille, forme ou comportement (1)) de ceux de Orthemis discolor quand les aires de répartition se chevauchent ; cependant, vu de face, Orthemis ferruginea montre un front presque métallisé violet alors que celui de Orthemis discolor est rouge comme le reste de sa face. Les yeux de ce dernier sont aussi en principe plus clairs que ceux de Orthemis ferruginea.
Un autre détail de coloration peut aider à l’identification ; O. ferruginea montre souvent des veines antérieures claires ou colorées, rougeâtres, alors que celles de O. discolor sont noires.
On lit parfois que la coloration du thorax de O. ferruginea est plutôt violette alors que son abdomen est rose ; malheureusement, si cela est effectivement vrai, il en est parfois de même pour O. discolor…
Pour une fois, les sujets immatures sont plus faciles à discriminer ; mâles immatures et femelles O. ferruginea montrent un thorax largement marqué par des bandes ou des lignes claires alors que ceux de leur cousin O. discolor sont presque unis. Ces 2 mâles ont été observés un matin avant 8 heures dans une aire ouverte sans que j’aie pu trouver de pièce d’eau ; un exemple typique de zone de maturation, à distance de l’eau.
Sur la photo de droite, en agrandissant l’image, on aperçoit aussi le front sombre/métallisé
Le pattern thoracique est encore plus évident pour les femelles. Leurs expansions ventrales à la partie inférieure du S8 sont légèrement plus petites que celles de O. discolor mais leur coloration sombre à centre clair est déterminante par rapport à celles, noires, de leur cousine.
Dennis Paulson décrit (1) un détail de plus sous la forme d’une tache fréquente, plus ou moins marquée, sur la face dorsale du 8° segment abdominal que l’on voit très bien sur la photo ci-dessous.
Il a aussi montré (2) que les lames vulvaires des femelles des 2 espèces sont parfois différentes.
Le Roseate skimmer est souvent observé perché sur un rameau, surveillant agressivement une petite longueur de berge dont il chasse les autres Libellulidae. L’accouplement est très bref et aérien, la ponte s’ensuit aussitôt, la femelle frappe l’eau de son abdomen et les expansions ventrales de son abdomen provoquent un éclaboussement de gouttes d’eau, parfois jusqu’aux berges. J’avais pu observer ce comportement au Panama pour sa parente Orthemis discolor.
Son aire de distribution s’étend de l’Arkansas et de la Virginie (U.S.A.) à la province du Guanacaste, tout au nord du Costa Rica. Il mesure 48 à 53 mm.
IUCN Red List.
-1- Dragonflies and Damselflies of the West, Dennis Paulson, Princeton University Press, 2009.
-2- THE DISTRIBUTION AND RELATIVE ABUNDANCE OF THE SIBLING SPECIES ORTHEMIS FERRUGINEA (FABRICIUS, 1775) AND O. DISCOLOR (BURMEISTER, 1839) IN NORTH AND MIDDLE AMERICA (ANISOPTERA:LIBELLULIDAE), Dennis R. Paulson, International Journal of Odonatology I (1): 89-93, 1998.
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