
Dès la première matinée de prospection, c’est un plaisir de rencontrer Gynacantha maclachlani male (1), un grand Aeshnidae. Dans la réserve Sama Jaya, dans la ville de Kuching, je me suis écarté du groupe pour trouver un peu de tranquillité… et ayant quelques dizaines de secondes pour scruter l’obscurité devant moi, j’ai eu la surprise de découvrir ce superbe mâle.

Nous sommes dans une partie marécageuse de forêt assez dense, et il fait très sombre, nous nous apprêtons à nous abriter de la pluie éparse qui va se transformer en trombes d’eau et inonder les prairies.
Il fait partie de ce que les anglophones appellent Duskhawker, c’est-à-dire qu’ils sont principalement actifs au crépuscule et, dans la journée, ils pendent assez bas, accrochés à une branche en forêt dense.
Sa taille doit être très voisine de celle de G. dohrni, 62 à 66 mm (2) avec un abdomen de 43 à 45 mm et surtout des appendices anaux supérieurs très longs, 6.5 mm précise Krüger dans sa description (1).
On ne le trouverait qu’à Bornéo et Sumatra.
IUCN Red List

Noter les auricules bleues sur le second segment, et la façon dont le troisième est étranglé…
Je dois avouer que ce sujet a d’abord été identifié comme Gynacantha dohrni, dont il existe de nombreuses photos sur le Web. Celles-ci sont les premières publiées de Gynacantha maclachlani, au moins sur iNaturalist.
La distinction se fait essentiellement par les appendices anaux supérieurs, ceux de G. dohrni portant à leur base une dent, ici absente. Son 3° segment serait peut-être encore plus fin que celui de G. dohrni.

Sur son aile postérieure droite, on peut observer un diptère parasite, peut-être du genre Forcipomyia.

Étymologie
Le terme Gynacantha (2) a été créé par Rambur à partir de deux mots grecs : Gyna pour femelle et canta pour épine, car les femelles de ce genre portent 2 épines sous le 10° segment.
Maclachlani (3) est un hommage de Leopold Krüger à Robert Mc Lachlan (1837-1904), un des principaux odonatologistes anglais de cette époque, pour son aide dans la classification des Gynacantha.
1- Krüger, L. (1898). Die Odonaten von Sumatra. II. Theil. Familie Aeschniden. Entomologische Zeitung, 59, 267–331. P. 280-281.
2- The Naming of Australia’s Dragonflies, Ian Endersby & Heinrich Fliedner, Busybird publishing
3- Heinrich Fliedner, 2021 – The scientific names of Krüger’s odonate taxa with annotations about his contribution to neuropterological taxonomy – International Dragonfly Fund