Devadatta clavicauda de la famille des Devadattidae (Dijkstra et al, 2014, ex-Amphipterygidae) est une rareté, mais c’est pourtant (1) le plus commmun des Devadatta dans son aire de distribution.
En 2015, le genre comptait sept espèces, six ont été décrites cette année-là, dont 4 à Bornéo.
Une seule espèce était reconnue quand A.G. Orr a publié en 2015 son Dragonflies of Borneo (2), mais cet auteur suspectait la présence au moins d’une ou plusieurs autres espèces, par la présence inconstante d’une épine de taille variable sur le pronotum de certaines femelles. Malheureusement, ce détail ne permet pas d’identifier la seule femelle Devadatta que nous avons contactée.
Mais heureusement, la région que nous avons prospectée n’en compte que deux, Devadatta clavicauda et D. podolestoides ; et cela est déjà suffisant pour poser des problèmes d’identification. Ils sont en effet très ressemblants, présentant les mêmes taches claires sur le pronotum et le thorax et il faut s’en remettre aux appendices pour les différencier.
Le mieux est certainement de se fier au travail de Dow, Hämäläinen et Stokvis (1) ; j’ai ajouté des flèches soulignant les points de différence entre ces deux espèces. Si tout ceci paraît évident sur dessin, c’est moins facile sur photo et difficile sur le terrain !

Je suis par exemple à peu près certain de la conformité de la première photo, même si l’appendice droit (en haut sur la photo) est artificiellement grossi par une goutte d’eau. Mais on reconnait tout de même bien cette forme en club (de golf), très dilaté distalement, de l’appendice gauche.



Les deux autres photos sont moins évidentes sur cet aspect en club de golf ; cependant on note que l’excroissance (B) est présente, mais que le décrochement (C) constaté pour D. podolestoides n’est pas présent sur ces sujets.
Ci-dessous, pour comparaison, les appendices anaux d’un typique D. podolestoides : les extrémités des appendices sont moins dilatées, la petite tubérosité à l’extrémité du S10 (B) est invisible, le décrochement (C) sur les cerques est bien marqué.


Les auteurs déjà cités nous disent que son abdomen, sans les appendices anaux, mesure 31 mm ; il doit atteindre 40 mm au total.
Nous l’avons observé dans la forêt en basse montagne, sous la pluie intermittente, sur un ruisseau qui alimentait un fossé le long de la route, là où nous avons également rencontré Stenagrion dubium et Coeliccia cf. nemoricola. C’est notre unique rencontre avec cette espèce.
Il est endémique de Bornéo où il n’est connu que de Brunei, du Sarawak et de l’ouest de Kalimantan.
IUCN Red List.
Devadatta clavicauda mâle, Sarawak, Sri Maha Mariamman Temple Matang, 20/03/2025.
Étymologie
Devadatta ; en sanscrit, ce terme signifie « dieu-donné » et on ne sait pas pourquoi Kirby en 1890 a utilisé le nom de ce moine, cousin de Bouddha, mais aussi son rival et ennemi acharné…
Clavicauda du latin clava pour gourdin, massue et de cauda pour queue, se référant à la forme en massue de l’extrémité des cerques (appendices anaux supérieurs).

1- Dow, Hämäläinen, Stokvis, 2015 – Revision of the genus Devadatta Kirby, 1890 in Borneo based on molecular and morphological methods, with descriptions of four new species (Odonata: Zygoptera: Devadattidae) – Zootaxa 4033 (3): 301–349 -P. 327.
2- A Guide to the Dragonflies of Borneo, their identification and biology. A.G. Orr, Natural History Publication (Borneo) – 2003.