Il est peu de dire que ce Platycnemididae, Elattoneura longispina, est rare. Avant nos photos, il n’existait que deux images de Marcel Sylvius, au Kalimantan, sur iNaturalist. C’est d’ailleurs le seul sujet que nous rencontrerons.
Je connaissais le genre Elattoneura pour avoir contacté E. glauca en Namibie ; j’ai donc été surpris de rencontrer d’autres membres du genre au Sarawak. Mais, après tout, Ischnura senegalensis, un autre zygoptère, est aussi présent en Afrique qu’en Asie (et à Bornéo). Ceci pour dire que je n’ai pas été vraiment été étonné que Rory Dow (1) place des guillemets autour du nom de genre : » Note that the southeast Asian species currently placed in Elattoneura certainly do not belong there, but are left there until the issue of their true genus is resolved, so inverted commas are used around the genus name to emphasise this. ».
C’est Rory Dow qui l’a trouvé alors que nous progressions à pied, après avoir laissé les pirogues, dans la forêt marécageuse et tourbeuse du Parc National Maludam. La forêt n’est pas très dense et il faut choisir son chemin pour progresser, à travers la végétation, les branches mortes et les trous cachées sous l’eau noire… Cela ne me réussira pas, un bain inattendu ruinera mon matériel photo, un quart d’heure après ces photos.
Il est visuellement extrêmement proche de E. analis mais s’en distingue par différents détails, entre autres une bande interoculaire incomplète, l’absence quasi totale de marque (une très fine ligne au plus) sur la face dorsale du S2, les derniers segments sombres (adultes), alors que la partie apicale de la face dorsale du S9 et le S10 sont clairs pour E. analis.
Lieftinck nous dit que son abdomen, appendices anaux inclus, mesure 28-29 m, il atteint donc environ 34 mm au total.
Sa distribution est très localisée, éparpillée, en déclin sur Bornéo, Bélitung et la Malaisie Péninsulaire.
IUCN Red List.
Étymologie
Elattoneura (3) du grec ellaton, pour plus petit, et neuron qui en entomologie est traduit par nervure dans une aile. Ceci en référence à la longueur réduite d’une nervure qui fait référence dans la systématique des zygoptères.
Longispina, du latin longus, pour long et de spina qui signifie épine. Lieftinck n’évoque jamais la présence d’une épine ; il ne décrit pas les appendices anaux non plus, mais en donne un dessin comparatif, qui montre une forte épine bien individualisée sur les appendices anaux inférieurs, certainement à l’origine du nom d’espèce.
Ellatoneura longispina appendices anaux vs E. analis – Lieftinck, 1937 (2)
-1 Dow, Butler, Reels, Steinhoff, Stokvis & Unggang,2019 – Faunistic Studies in Southeast Asian and Pacific Island Odonata – Journal of the International Dragonfly Fund – No. 27.
2- Lieftinck, 1937 – Descriptions and records of South–east Asiatic Odonata. Treubia 16: 55–119. P. 86.
3- Dragonflies and Damselflies of Namibia, Frank Suhling & Andreas Martens, Gamsberg Macmillan, 2007