Bornéo, Sarawak – Onychargia atrocyana Selys, 1865

Onychargia atrocyana mâle, Sarawak, Kampung Temelan, 22/03/2025
Onychargia atrocyana mâle, Sarawak, Kampung Temelan, 22/03/2025

À Bornéo, c’était la quatrième fois que je rencontrais Onychargia atrocyana, mais c’est tout de même une découverte pour moi, à double titre ; je n’avais jamais rencontré de mâle isolé (ce qui est étonnant), hors tandem et je n’avais jamais pu constater ces refllets bleus qui lui valent son nom d’espèce.
Ce Platycnemididae (ou Coenagrionidae, je ne suis pas certain que l’appartenance à l’une ou l’autre famille soit définitivement fixée en raison de la morphologie de la larve (1)) appartient à un genre qui ne comprend que deux espèces ; une autre espèce a en effet récemment été décrite par Oleg Kosterin (2), en 2015, Onychargia priydak qui est présent au Cambodge et au sud du Vietnam et caractérisé par une pruinosité très importante sur le thorax et les deux premiers segments.

Son thorax est si massif et sa teinte sombre font qu’il semble impossible de le confondre les mâles adultes avec une autre espèce dans son aire de distribution. La bande thoracique claire tend à disparaître pour les sujets très matures, tandis que ce qui apparaît comme une bande antéhumérale violacée est un reflet très bien venu.

Onychargia atrocyana mâle, Sarawak, Kampung Temelan, 22/03/2025
Onychargia atrocyana mâle, Sarawak, Kampung Temelan, 22/03/2025

Il mesure 30 à 32 mm (3).
Son habitat est constitué d’étangs ou de mares très végétalisées aux limites marécageuses, souvent en limite de forêts.
Les mâles matures ont l’habitude de se percher haut dans la végétation, à plusieurs mètres du sol, ce qui explique qu’ils soient moins fréquemment observés hors des actions de reproduction. Mais on trouve sur iNaturalist des photos de nombreux mâles jeunes et de femelles, qui sans doute errent ou maturent dans la végétation basse.
C’est une espèce qu’on dit assez commune, mais ce n’était que la quatrième fois que je la rencontrais ; comme déjà dit, c’était la première fois que j’observais des mâles isolés (sans aucune femelle autour !), et je n’ai jamais rencontré plus de 3 ou 4 individus sur un seul site.

Onychargia atrocyana mâle, Sarawak, Kampung Temelan, 22/03/2025
Onychargia atrocyana mâle, Sarawak, Kampung Temelan, 22/03/2025

Ci-dessus un sujet plus jeune avec une spectaculaire bande claire thoracique.
Sa distribution s’étend du centre de l’Inde au sud la Chine (Yunnan) et sud, à travers la Péninsule Malaise et Singapour, jusqu’au Sarawak et Sabah et aux Philippines.
On trouvera d’assez mauvaises photos dans les pages que j’avais consacrées à l’espèce au Cambodge et en Malaisie continentale et de meilleurs en Thaïlande.
IUCN Red List.

Étymologie
Onychochargia ; du grec onycho qui signifie ongle ou griffe, et de argia, un genre de zygoptère sud-américain (dont le nom avait été précédemment créé comme une variante de agrion). En décrivant le sous-genre Onychochargia, Selys (4) insiste sur les onglets des tarses (griffes) : »les deux branches des onglets des tarses aussi longues l’une que l’autre » – « Les onglets des tarses très singuliers comme chez les libellules du genre Macromia ». De plus, il décrit ce genre à la suite des Argia, pensant qu’il appartient à un sous-genre de ces derniers (noter d’ailleurs la densité des épines des pattes qui rappellent effectivement le genre Argia).
Atrocyana, du latin atrum pour noir et du grec kuanos pour bleu sombre. Selys en décrivant un sujet très-adulte écrit : »En entier d’un noir acier violet sans tache ».

Il semble avoir l’abdomen court, ce que différents auteurs remarquent ; en anglais, il prend le nom de Shorttail !

1- ORR & DOW, 2015 – Description of the final stadium larvae of Onychargia atrocyana Selys, 1865 from Sarawak, identified using DNA barcoding (Odonata: Zygoptera: Platycnemididae),with an overview of larval characters in the Platycnemididae – Zootaxa 4040 (3): 384–392.
2- Kosterin, 2015 – Onychargia priydak sp. nov. (Odonata, Platycnemididae) from eastern Cambodia – International Journal of Odonatology 18(2)
3-
Robin Ngiam & Marcus Ng – A photographic guide to the Dragonflies and Damselflies of Singapore – John Beaufoy Publishing – 2022.
4Selys, 1865 – Synopsis des Agrionines suite 1 – Bulletins de l’Academie royale, des lettres et des beaux-arts de Belgique – P. 416.

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