Orthetrum schneideri fait partie du groupe pruinosum qui pose encore un problème taxonomique non résolu, car on voit apparaître ces espèces dans certaines publications sous la forme de ssp. (sous-espèces) ou d’espèces valides.
On ne décrit plus que quatre (!) formes de cet Orthetrum pruinosum qui varient en fonction (entre autres) de l’étendue de la pruinosité blanchâtre/bleuâtre sur l’abdomen (O. migratum, ici en Australie, est considérée maintenant comme une espèce valide depuis Hawking, 2009) :
– pour pruinosum, l’abdomen n’est pas du tout pruineux, la face est claire, les appendices anaux rouges, la tache alaire marron doré
– neglectum est très proche de pruinosum et n’en diffère que par une extension plus importante de la coloration basale alaire, ce qui est difficile à valider sans capture. On le rencontre au moins au Japon et en Chine.
– pour clelia, qui serait aux Philippines, Taïwan et au Sulawesi, les deux premiers segments sont couverts de cette pulvérulence, la face est sombre, la tache basale est noire, les appendices anaux sont noirs
– pour Orthetrum schneideri, les trois premiers segments sont blanchâtres, comme ci-dessous ; il serait en Malaisie Péninsulaire, à Bornéo et à Sumatra.
De plus, certains individus, comme au Timor, ne rentrent dans aucune case et mélangent les caractéristiques données plus haut.
Ces éléments d’identification sont arrangés depuis Seehausen, Malte, 2017 (1).
Pourtant, dans Janra & al., 2017 (2) on lit qu’une étude de 2014 par Yong & al. a montré que Othetrum schneideri était génétiquement distinct de O. pruinosum neglectum. Notons enfin que O. schneideri est accepté dans la liste de référence mondiale, la World Odonata List, 2025.
Ce seul sujet, que nous avons rencontré sur une rivière du Sarawak, correspond bien à la description de Förster (3) (en allemand) : » Le thorax et les trois premiers segments sont recouverts d’une pruinosité (givré) bleu clair avec l’âge, le reste de l’abdomen est rouge. ».
Son abdomen mesure 28 mm (environ 42 mm au total), son aile postérieure 35.
Il se tenait sur la margelle de ces bassins qui isolait des sources chaudes dans la rivière. Sans doute est-ce dans ces petites mares qu’il a été parasité par des diptères, peut-être du genre Forcipomyia.
Sa présence sur une rivière, son éventuelle contamination au stade larvaire dans une mare montre la diversité de son habitat.
Il ne figure pas dans la UICN red List et sa distribution se limite actuellement et de façon assez imprécise à ce que j’ai mentionné dans le premier paragraphe.
Étymologie
Orthetrum (4) vient de deux mots grecs, orthos signifiant droit et etron pour abdomen, ceci pour signifier que les côtés de l’abdomen sont parallèles. Ce nom de genre (neutre) créé par Newman en 1833 a perdu sa pertinence avec la découverte de nouvelles espèces, mais le nom est resté.
Schneider est un hommage à M. Gustav Schneider junior qui a collecté le spécimen à Sumatra en 1899. Il était le fils de l’entomologiste et marchand de spécimens d’histoire naturelle plus connu, Gustav Schneider (1834–1900), de Bâle.
1- Seehausen, Malte, 2017 – Survey of Odonata from Timor Island, with description of the female of Anax georgius (Odonata: Aeshnidae). Faunistic Studies in Southeast Asian and Pacific Island Odonata. 1-34.
2- Janra & al., 2021 – Observation of Orthetrum schneideri and Orthetrum pruinosum pruinosum occurring sympatrically in Sumatra, Indonesia – Agrion 25(1)
3- Forster, 1903 – Odonaten aus Neu-Guinea III. Annales Musei Nationalis Hungarici, 1: 509–554. P. 541.
4- The Naming of Australia’s Dragonflies, Ian Endersby & Heinrich Fliedner, Busybird publishing.