Thaïlande – Brachythemis contaminata (Fabricius, 1793)

Brachythemis contaminata mâle, Thaïlande, Lodge Nok Chan Mee Na à Chom Thong, 02/06/2024
Brachythemis contaminata mâle, Thaïlande, Lodge Nok Chan Mee Na à Chom Thong, 02/06/2024

Brachythemis contaminata (Libellulidae) est un odonate très commun en Asie, localement très abondant, mais ce n’est pas pour autant qu’il n’est pas magnifique. Il est variable pour l’étendue et l’intensité de la coloration alaire et des nervures antérieures, en fonction de la géographie et, bien sûr, selon son âge (ontogénie).
Il n’est pas possible de confondre les mâles matures avec une autre libellule en raison de leur coloration orange assez unique parmi les odonates, en tout cas en Asie (une petite ressemblance avec les Perithemis américains, par exemple Perithemis Domitia (au Mexique)).

Un détail permet de reconnaître l’appartenance au genre Brachythemis ; les yeux ont une structure unique parmi les Libellulidae et portent d’étonnants dessins à leur surface. Ils font penser à une rareté, également vue en Namibie, Parazyxomma flavicans.
Cet aspect est particulièrement visible sur les mâles jeunes et les femelles.
Il est possible que cette particularité soit l’expression d’une singularité fonctionnelle de ces yeux, qui seraient particulièrement adaptés à surveiller ce qui se passe au-dessus d’eux, que ce soit pour attraper des proies ou prévenir un danger. En effet, et cela est souligné par leur nom générique anglais de Groundling (ground, pour sol et ling pour petite chose…), ces odonates se posent très souvent au sol.

Comme tous les odonates dont l’aire de répartition est très importante, il porte d’autres noms vernaculaires, comme Orange-winged Groundling, Asian Groundling, Common Amberwing.

En Inde (Singh, 2022) l’abdomen du mâle mesure 18-21 mm, son aile postérieure 20-23 mm.
À Singapour (Ngiam & Ng, 2022), l’aile postérieure atteint 21-23 mm et la longueur totale 29-31 mm.

On les rencontre, souvent en nombre, près des zones marécageuses des rivières, des mares, des canaux d’irrigation, toutes sortes d’habitats, même pollués et chargés des débris des activités humaines. Voilà une libellule qui n’est absolument pas une garantie d’eaux saines !

Brachythemis contaminata mâle, Thaïlande, Southern Campus Chiang Mai, 01/06/2024
Brachythemis contaminata mâle, Thaïlande, Southern Campus Chiang Mai, 01/06/2024

Ci-dessus, un sujet en cours de maturation ; les ailes sont largement envahies de coloration ambrée, mais l’abdomen reste partiellement clair, même si les yeux sont déjà bien sombres.

Je n’ai pas rencontré de femelle en Thaïlande, mais comme il est très largement répandu en Asie et je l’avais heureusement rencontré dans d’autres pays voisins ou un peu plus éloignés : Vietnam, Cambodge, Laos, Sri Lanka, Malaisie et Rajasthan.

Il est présent de l’ouest de l’Inde au Japon à travers le sud de la Chine, Hong Kong et Taïwan. On le trouve également aux Philippines, dans la péninsule Malaise, et en Indonésie.
IUCN Red List.

Ci–dessous un sujet plus jeune dont l’abdomen est encore jaune, les taches alaires encore limitées.

Brachythemis contaminata mâle, Thaïlande, Lodge Nok Chan Mee Na à Chom Thong, 01/06/2024
Brachythemis contaminata mâle, Thaïlande, Lodge Nok Chan Mee Na à Chom Thong, 01/06/2024

Étymologie
Brachythemis ; du grec brachy pour court, pour insister sur l’abdomen court et trapu. Et, de Thémis, déesse grecque de l’Ordre et de la Justice. Ce choix respecte la mode en cours à cette époque d’attribuer des noms relevant de l’histoire ou de la mythologie. De plus, le choix de cette déesse est particulièrement adapté au classement et au respect des règles qu’implique la taxonomie.
Contaminata, du latin contaminatus, souillé, impur. Le Dr. Heinrich Fliedner (Fliedner, 2006) propose qu’on explique cette curieuse dénomination par le fait que « la coloration ocre dans la partie proximale des ailes est plus foncée près du milieu de la côte (ou bord costal). » Je suis assez sceptique car je ne vois pas ce que cette suggestion explique, ni ce qui est souillé ou impur, et on ne peut pas douter des qualités de latiniste scientifique de Fabricius.
Aussi, je pense plutôt que Fabricius, qui n’a pas l’habitude d’observer et de décrire des odonates aux ailes colorées, a eu en main un sujet qui avait beaucoup et longtemps voyagé (des mois, pour le moins) ; un sujet desséché, terni et dont les ailes sont souillés, pour lui, au sens propre.
Fabricius qui vivait au Danemark, nous dit en effet que le sujet qu’il décrit vient d’Inde, de la collection de Tønder Lund (1753–1832). Il précise « L. 6 maculatae » ; c’est la sixième Libellula aux ailes maculées qu’il décrit dans son Entomologia Systematica. Puis, plus loin : « Toutes les ailes blanches, avec une grande ombre, jaune » .

Fabricius, 1793 – Entomologia systematica

Fabricius, 1793 – Fabricius, Johann Christian, Proft, Christian Gottlob (Kopenhagen), Mohr, Christian Friedrich (Kiel), & Storch, … (Kopenhagen). (1792). Entomologia systematica emandata et aucta. Secundum classes, ordines, genera, species adjectis synonimis, locis, observationibus descriptionibus (Vol. 2, p. 382). impensis Christ. Gottl. Proft. https://www.biodiversitylibrary.org/page/52726921
Fliedner, 2006 – The scientific names of the Odonata in Burmeister’s « Handbuch der Entomologie »
Ngiam & Ng, 2022 – A photographic guide to the Dragonflies and Damselflies of Singapore – John Beaufoy Publishing
Singh, 2022 – Field Guide to the Dragonflies & Damselflies of Northwest india, – Bishen Singh Mahendra Pal Singh

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