Telosticta bidayuh (Platystictidae) fait partie d’un genre décrit en 2012, qui comprend 17 espèces endémiques de Bornéo et Palawan. On en compte 14 au Sarawak, mais seulement six (heureusement pour l’identification par les amateurs !) dans la partie ouest que nous avons prospectée.
À l’opposé des trois autres espèces que nous avons rencontrées (T. dupophila, T. santubong et T. serapi) il fait partie des Telosticta qui présentent des bandes antéhumérales assez longues (mais pas complètes).
La première photo montre la face dorsale du thorax de Telosticta bidayuh, la quatrième celle de T. feronia, dont la bande antéhumérale est très semblable.
Telosticta Dow & Orr, 2012 (1)
Dans la même publication, Dow & Orr (1) montre la répartition de la coloration bleue sur les derniers segments. Et heureusement, Telosticta bidayuh et T. feronia sont très différents ;
Alors que Telosticta bidayuh ne montre que deux taches colorées accolées sur le huitième segment, T. feronia présente une tache complète et rectangulaire sur les segments huit et neuf.
La coloration du S8 de T. bidayuh n’est pas forcément bilobée, mais peut former une seule tache comme le montrent certaines de mes photos ; cette variation est relevée dans l’ouvrage déjà cité.
Nous avons rencontré l’espèce à deux reprises. La première fois, le 26 mars, très brièvement, la seconde, le 30 mars, plus longtemps ; cependant, lors de ce deuxième contact, je n’ai pu que faire des photos très moyennes avec un appareil et surtout un objectif de secours, étant tombé à l’eau la veille…
Les auteurs déjà cités nous disent que son abdomen mesure 33.5 mm sans les appendices anaux. Il mesure donc au total environ 41 mm.
Lors de notre deuxième rencontre, Ranchan Recreational Park, les sujets que nous avons contactés se trouvaient en forêt, dans des zones sombres, à quelque distance d’une importante chute d’eau, au-dessus des filets d’eau qui s’échappaient latéralement du courant principal. Il a également été rencontré sur de petits ruisseaux bien en pente, toujours en forêt.
Sur ce site, nous l’avons trouvé en compagnie de Coeliccia nigrohamata. Mais les auteurs l’ont rencontré accompagné de T. serapi.
Il est endémique du Sarawak et n’est actuellement connu que d’une aire très limitée à l’extrême ouest du Sarawak, autour de Kuching.
Noter sur ce sujet la tache vert sombre à l’extrémité de la face dorsale du thorax, qui n’est qu’une particule végétale.
Étymologie (1)
Telosticta est un nom féminin, composé du grec τλος, signifiant péage, du nom de Jan van Tol, dont le nom de famille provient du mot néerlandais de même signification, en hommage à ses contributions à notre connaissance des Platystictidae, et du suffixe –sticta, une terminaison générique courante dans la famille [des Platystictidae]. Sticta vient du grec stiktos qui signifie taché, tatoué, et fait référence au genre Platysticta d’Asie du Sud dont l’extrémité des ailes porte une tache sombre.
Bidayuh ; Bidayuh est le nom collectif de plusieurs peuples indigènes de Bornéo et l’aire de répartition actuellement connue de cette espèce correspond au cœur du territoire de ces peuples.
Telosticta bidayuh mâle, Sarawak, Bung Ngiraja, 26/03/2025
1- Dow & Orr, 2012 – Telosticta, a new damselfly genus from Borneo and Palawan (Odonata: Zygoptera: Platystictidae) – The Raffles Bulletin of Zoology 60 (2) : 365-401.