Onychogomphus forcipatus (Linnaeus, 1758)

Onychogomphus forcipatus mâle, Etang de Joreau, Gennes sur Loire, 17/06/2012
Onychogomphus forcipatus mâle, Etang de Joreau, Gennes sur Loire, 17/06/2012
Description – Identification

Le mâle Onychogomphus forcipatus, comme tous nos Gomphidae français (sauf O. cecilia) est jaune et noir avec des yeux verts ou bleus (ssp. sudiste unguiculatus). Il mesure 46 à 50 mm (50 mm est la longueur d’une allumette).
Il se distingue des autres Gomphidae par ses appendices anaux en « pince à sucre » et, de son seul cousin français, O. uncatus, par au moins 3 détails :

– Les 2 bandes noires (fascias) qu’il porte à la partie supérieure du thorax sont divergentes, la supérieure coudée en son milieu et (presque) toujours jointive avec la ligne noire médiane (elles sont parallèles pour O. uncatus et la supérieure non jointive).

– Il est le seul des Gomphidae, en France, à montrer une barrette jaune sur le vertex dans 99,9 % des sujets (absente pour O. uncatus).

– La bande noire thoracique médiane est largement interrompue

Onychogomphus forcipatus mâle, Le Fief Sauvin (F-49), 19/06/2010

Attention, le « critère » du triangle anal à 3 cellules n’est pas fiable !
En France, on ne peut confondre l’Onychogomphe à pinces qu’avec O. uncatus (plus sombre et aux yeux bleus) qui montre le même type d’appendices anaux. Je rappelle donc les différences les plus visibles sur une photo :

Comparaison et identification des Onychogomphus
Onychogomphus forcipatus ♂ comparé à Onychogomphus uncatus ♂

Les femelles, à l’abdomen plus large, peuvent être séparées de O. uncatus par les mêmes détails.

Onychogomphus forcipatus femelle, Parc du confluent Portet sur Garonne (France-31), 19/07/2019
Onychogomphus forcipatus femelle, Portet sur Garonne (France-31), 19/07/2019

Mais, ne portant pas d’appendices anaux spectaculaires, elles sont souvent confondues avec d’autres Gomphidae. Cependant, elles portent sur la face dorsale de chaque segment de l’abdomen un motif large, jaune, composé de 2 parties, la plus antérieure étant évasée. Les autres femelles Gomphidae, sauf Ophiogomphus cecilia très différente, portent un motif étroit, à peine dilaté antérieurement ; voir ici.

Habitat et distribution géographique

Il se plaît sur les eaux courantes, même rapides, les rivières, les fleuves, mais on le rencontre régulièrement aux abords des grands étangs ou lacs, pour peu qu’un ruisseau ou une écluse agite l’eau.
C’est essentiellement une espèce de plaine et de piémonts avec un record d’altitude à plus de 2700 m.
Atlas dynamique des Odonates de France

On relève sa présence presque partout en France, rare cependant au nord (et en montagne), et très dispersée le long de la côte nord-ouest.
Absente de Grande-Bretagne (où on le nomme Small Pincertail) , sa distribution s’étend du Maghreb au sud de la Suède et de la Norvège. À l’est, très disséminée, elle atteint au nord l’ouest de la Sibérie et au sud l’Iran. À noter que l’on décrit trois sous-espèces, mais que la génétique n’a montré aucune différence entre ce qu’il vaut donc mieux appeler trois formes, forcipatus forcipatus, forcipatus unguiculatus et forcipatus albotibialis. La distribution dont je rends compte, couvre ces trois formes réunies.
IUCN Red List

Période de vol

C’est typiquement un odonate de l’été avec une abondance maximale en juillet, mais dans le sud de son aire, on peut le trouver dès avril, et certains sujets résistent jusqu’à la fin du mois de septembre.
Dans mon Maine-et-Loire, on le trouve de mi-mai à fin août, avec un pic en juillet.

Smal Pincertail, emergent male, Ancenis (F-44), 15/06/2017
Onychogomphus forcipatus mâle émergent, Ancenis (F-44), 15/06/2017
Comportement – Écologie

Il est thermophile et aime émerger et se poser sur les rochers, dans le courant, mais on le trouve aussi stationné sur les sentiers pierreux ou sablonneux ou même sur les routes. On le trouve par exemple en nombre sur les enrochements des berges de la Loire. Il est agressif avec ses congénères, mais à distance de l’eau, il est plus sociable et plusieurs individus peuvent voisiner sans incidents ; j’ai le souvenir d’en avoir vu, très nombreux, tous les mètres, sur des fils métalliques de clôture.
Les accouplements sont rarement observés, sans doute en vol et assez haut, se terminent rarement posés. Les pontes sont peu communes, je n’en ai jamais vu, seulement celle d’O. uncatus qui largue ses œufs par de brefs coups d’abdomen au-dessus de l’eau.
La phase larvaire dure 2 à 5 ans en fonction du climat.
L’émergence est spectaculairement rapide, la croissance de l’abdomen et des ailes, le durcissement de la cuticule peuvent ne prendre que 20 minutes avant l’envol.

Étymologie

Onychogomphus, du grec onycho, pour ongle ou griffe, et de Gomphus. Gomphus,  vient, lui, d’un mot grec qui signifie cheville ou boulon, en référence à la forme de l’abdomen (de la plupart des espèces), qui ressemble à une cheville pour assembler les bateaux. C’est donc un Gomphus doté d’un ongle ou d’une griffe, en référence à ses appendices anaux, sans doute à sa lame supra-anale.
Forcipatus, du latin forceps, pour pince et du suffixe atus signifiant doté de.
Nous avons ainsi un Gomphus doté d’une griffe et muni d’une pince…

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