Chorismagrion risi (Morton, 1914)

Chorismagrion risi mâle, Australie (FNQ), Little Crystal Creek, 15/12/222

Chorismagrion risi, Synlestidae, est un habitant des ruisseaux et rivières de la forêt pluviale. Il est rare, difficile à trouver dans son environnement.
Il faut dire qu’il ne fait rien pour se faire remarquer, il est sombre dans un habitat sombre et souvent difficile à explorer.


Dans sa description originale  » A remarkable new genus and new species of Odonata, of the legion Podagrion, Selys, from north Queensland. Transactions Entomological Society London 1914 (1): 169-172, incl. pl. 9-9. » en 1914, Morton précise que l’abdomen mesure 34 mm, ce qui lui donne une longueur totale d’environ 40 mm.

Chorismagrion risi mâle, Australie (FNQ), Little Crystal Creek, 15/12/2022

Je suis bien conscient que ces photos ne mettent pas en valeur cet odonate ; la vue de gauche montre tout de même ces yeux assez étonnants avec une bande équatoriale. À droite, c’est un sujet émergent sur une paroi presque verticale, dans l’ombre d’un ruisseau profond ; comment l’un d’entre nous l’a-t-il déniché ?

Chorismagrion risi mâle, Australie (FNQ), Little Crystal Creek, 15/12/222
Chorismagrion risi mâle et mâle immature à droite, Australie (FNQ), Little Crystal Creek, 15/12/222,
Chorismagrion risi mâle immature, Australie (FNQ), Little Crystal Creek, 15/12/222

A posteriori, l’identification est aisée, d’autant plus qu’il est seul dans son genre ; la forme des appendices anaux, le 8° segment couvert d’une pruinosité claire, la bande équatoriale sur l’œil et les ptérostigmas sombres à centre clair suffisent.

Chorismagrion risi mâle, Australie (FNQ), Little Crystal Creek, 15/12/222
Chorismagrion risi mâle, Australie (FNQ), Little Crystal Creek, 15/12/222

Ci-dessous 2 sujets à des stades bien différents de leur vie ; celui de gauche vient d’émerger, dans l’ombre à sa gauche, on devine son exuvie, à droite ce mâle bien mature a commis l’erreur de se poser sur un fruit collant de Ceodes (ex Pisonia) umbellifera, arbre de 10 à 20 m de haut qui produit des akènes d’où exsude une substance collante ; ce processus permettrait de coller les graines aux insectes ou aux oiseaux et ainsi de les disperser. Cependant, la « colle » est tellement puissante qu’elle a valu au végétal d’être nommé arbre à glu en anglais (birdlime tree) et que les autochtones s’en servait pour capturer de petits oiseaux… Ce Pretty relict, son nom commun australien, n’en réchappera pas…
L’exuvie à sa gauche est celle d’un Libellulidae, il est possible que ce soit Nannophlebia eludens.

Les femelles ont la même apparence que les mâles sans la pruinosité du 8° segment, l’abdomen est plus massif et dilaté au niveau des derniers segments par la présence de l’ovipositeur.
Chorismagrion risi est endémique d’Australie, et très localisé sur une étroite bande costale ayant à peu près Cairns pour centre.
IUCN Red List
Il est seul de son genre et même seul de sa famille !

Chorismagrion (1) d’un mot grec signifiant -séparé de– et de agrion (du grec agrios – vivant dans les champs, sauvage. ), pour signifier qu’il se différencie des Agrions ; en effet, il présente une caractéristique exceptionnelle par le fait que le quadrilatère de son aile antérieur n’est pas fermé dans sa partie antérieure. Cela le rapproche d’une autre espèce relique, Hemiphlebia mirabilis, qui présente la même spécificité de l’aile antérieure.
Risi, Morton l’explique dans le document cité plus haut, est un hommage à Friederich Ris, rédacteur des « Libellulinae ».

Chorismagrion risi nervation, quadrilatère aile antérieure ouvert
Chorismagrion risi nervation, quadrilatère aile antérieure ouvert
Morton, dédicace à Ris
Kenneth Morton,  » A remarkable new genus and new species of Odonata, of the legion Podagrion, Selys, from north Queensland »

Son nom australien, Pretty relict, est intéressant, et hormis le fait qu’il soit joli, souligne que c’est une relique, une espèce survivante (Jurassique tardif) qui avait autrefois une aire de distribution beaucoup plus large.

6 mois après avoir rédigé cette page, j’ai abordé mon dossier d’images non identifiées et j’ai retrouvé la jeune femelle ci-dessous, photographiée en un autre lieu.

-1- The Naming of Australia’s Dragonflies, Ian Endersby & Heinrich Fliedner, Busybird publishing.

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Louis SOMMERMONT
Louis SOMMERMONT
1 année il y a

Merci pour ces précisions!

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