Hemigomphus theischingeri (Watson, 1991)

Hemigomphus theischingeri mâle, Australie (FNQ), South Johnstone Campground, 12/12/2022
Hemigomphus theischingeri mâle, Australie (FNQ), South Johnstone Campground, 12/12/2022

Nous sommes certainement arrivés au tout début de l’apparition de Hemigomphus theischingeri, car les 2 sujets, 1 mâle et 1 femelle, que nous avons rencontrés étaient des émergents, ayant quitté l’élément liquide le jour-même, comme en témoignent leurs yeux, leurs ailes et leur coloration globale.
C’est une espèce de description récente, 1991 : pourtant on ne trouve aucun renseignement sur le Web, une recherche Google ne donne qu’un seul lien ! À partir du très utile Atlas of Living Australia, on trouve un lien vers sa description par Watson, dans The Australian Gomphidae (Odonata), JAL Watson, Invertebrate Taxonomy 5(2) 289 – 441, 1991, un .pdf pour 60$. Je m’en passerai donc…

Hemigomphus theischingeri mâle, Australie (FNQ), South Johnstone Campground, 12/12/2022
Hemigomphus theischingeri mâle, Australie (FNQ), South Johnstone Campground, 12/12/2022

On doit donc se contenter de la monographie succincte (7 lignes et demi) dans The complete field guide to Dragonflies of Australia (Theischinger & Hawking). Elle permet de l’identifier avec un élément singulier sous la forme de 2 touffes de soies sous les segments 7 et 8 qui, associé aux motifs thoraciques, permettent de le séparer des 6 autres Hemigomphus, moins sombres sur la face latérale du thorax. Seul H. gouldi présente ces 2 touffes de soies, mais ce Southern vicetail est un sudiste absent du Queensland.
Sur la photo ci-dessous à gauche (cliquer !), il faut noter la très curieuse dent ou épine à la base du cercoides (appendice anal supérieur), dent qui pointe vers le bas, venant croiser la base du cerque (appendice anal inférieur), caractéristique du genre Hemigomphus. Noter également comme les cerques se terminent en crochet orienté vers le haut, à sommet noir.
Sur la photo inférieure on a une très bonne vue des touffes de soies et du cerque droit).

Hemigomphus theischingeri mâle, Australie (FNQ), South Johnstone Campground, 12/12/2022

Il y a tout juste 40 minutes entre la première photo de cette page et celle-ci ; on note l’évolution remarquable de la coloration, le changement d’apparence des ailes et des yeux.
Malheureusement, nous perdrons très rapidement ce sujet après cette dernière photo.

C’est un habitant des ruisseaux et rivières de la forêt pluviale, les Australiens l’ont nommé Rainforest vicetail.
Il est confiné au nord du Queensland.
Atlas of Living Australia

Nous avons eu une meilleure vue de la face latérale du thorax et de ses motifs avec la seule très jeune femelle Hemigomphus theischingeri rencontrée ; la ligne sombre médiane, qui démarre juste en arrière de l’implantation de l’aile antérieure (en avant du stigmate métathoracique) est complète, elle est interrompue pour tous les autres Hemigomphus.

Mais, bien sûr, le plus spectaculaire est cette énorme corne qu’elle porte sur le front ! Elle est pourtant décrite comme « mince » alors que celle de sa cousine H. comitatus est qualifiée de robuste !
Le rôle qu’elle joue lors de la capture du mâle (puisque le mâle va la saisir à cet endroit précis avec ses appendices anaux) serait intéressant à connaître.

Hemigomphus theischingeri femelle, Australie (FNQ), Cairns, Freshwater Creek, 03/12/2022

Hemigomphus theischingeri femelle, Australie (FNQ), Cairns, Freshwater Creek, 03/12/2022
Hemigomphus theischingeri femelle, Australie (FNQ), Cairns, Freshwater Creek, 03/12/2022

Sur cette dernière photo, même lieu et date, on constate que l’angle de prise de vue est trompeur, et ne permet pas de voir l’épine frontale.

Hemigomphus (1), du grec –hemi, pour moitié et –gomphus, qui vient, lui, d’un mot grec qui signifie cheville ou boulon, en référence à la forme de l’abdomen (de la plupart des espèces), qui ressemble à une cheville pour assembler les bateaux. Hemigomphus a été construit comme Hemianax, signifiant la proximité avec le genre Gomphus.
Theischingeri, est un hommage de Watson à son collègue d’origine autrichienne Günther Theischinger, fin entomologiste et odonatologue australien, co-auteur du livre d’identification auquel je fais si souvent référence, descripteur de 4 genres et de 34 espèces d’odonates australiens, grand spécialiste de la taxonomie larvaire.

-1- The Naming of Australia’s Dragonflies, Ian Endersby & Heinrich Fliedner, Busybird publishing.

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