
Neurobasis longipes est une des treize espèces de ce genre actuellement reconnues (Selys, 1853)(1). Je n’avais jusque-là rencontré que Neurobasis chinensis, beaucoup plus commun dans toute l’Asie. Pour la plupart, les 12 autres espèces sont limitées aux Philippines et à la Nouvelle-Guinée, Bornéo et Sumatra.
Il n’y a pas de risque de confusion à Bornéo puisque seuls N. longipes et chinensis sont présents. Il n’y a ‘ailleurs qu’en Nouvelle-Guinée ou plusieurs espèces sont sympatriques qu’une clé a été réalisée par Orr & Hämäläinen (2) qui ont consacré un livre aux Metalwings des Tropiques de l’Est.
Tous les Neurobasis ont les ailes antérieures hyalines (ou à peu près), et les ailes postérieures colorées : Neurobasis longipes et N. chinensis montrent une coloration similaire ; l’aile sur sa face interne est vert métallique scintillante et irisée réservant cependant une large partie apicale à une teinte beaucoup plus sombre, alors que sur leur face externe, elles sont ocrées / orangées, métalliques et scintillantes également. La différence essentielle et immédiatement visible est la longueur des pattes de N. longipes. De l’avis des spécialistes du genre, c’est la plus belle de toutes !
Je n’ai malheureusement pas eu l’occasion de photographier la face interne de ses ailes, car ils sont avérés extrêmement difficiles à approcher une fois posés, alors que nous les avons observés longuement combattre de façon spectaculaire autour des rares rochers qui émergeaient des remous dans la rivière Timuoh, une rivière large et assez rapide, tout à fait dans le biotope qu’ils affectionnent. Voici donc une illustration issue d’Albert G. Orr and Matti Hämäläinen (3), à rapprocher de la photo en lien :

Son abdomen mesure 44 à 51 mm (3) ce qui lui donne une longueur totale d’environ 57 mm.
Sa distribution le limite exclusivement à Bornéo et à la Malaisie Péninsulaire, il n’est cependant pas connu de Singapour.
IUCN Red List

Étymologie
Neuro, du grec neuron pour « tendon, nerf« . En entomologie, ce terme signifie « nervure d’une aile ». Basis, de … basis qui signifie « base, basal ». Neurobasis a en effet été créé pour souligner une disposition particulière de la nervation de ce genre, la présence de veines transverses dans l’espace basal, alors que les genres Calopteryx ou Vestalis n’en ont pas.
Longipes (4), du latin longus, pour long et pes pour pied pour souligner la longueur inhabituelle des pattes de cette espèce. Hagen écrit : » Cette variété ne se distinguerait pas, mais ses pieds sont sensiblement plus longs et plus fins : les tibias postérieurs de 14 mm de long… ».
1- Selys-Longchamps, Michel-Edmond. (1853). Synopsis des Caloptérygines. Bulletins de l’Académie Royale Des Sciences, Des Lettres et Des Beaux-Arts de Belgique, 20(Annexe), 1–73. P. 18.
2- Hagen, H.A., 1887 – Über Neurobasis und Vestalis. Abhandlungen der Zoologisch-Botanischen Gesellschaft in Wien 37: 647–648
3- Albert G. Orr and Matti Hämäläinen, 2007 – The Metalwing Demoiselles of the Eastern Tropics and their biology – Natural History Publications (Borneo)
4- Matti Hämäläinen & Heinrich Fliedner, 2022 – Etymology of the scientific names of the extant demoiselle damselflies (Odonata: Calopterygidae)– Journal of the International Dragonfly Fund