
Onychothemis culminicola est un très beau Libellulidae que j’avais eu la chance de rencontrer en Malaisie Péninsulaire.
À Bornéo, ma seule rencontre avec l’espèce s’est produite en fin de matinée, sur une rivière forestière à fond de sable et de galets, parsemée de rochers créant des rapides, la Timuoh River. Plus ou moins large, plus ou moins ombrée, elle offre une multitude de biotopes abritant de nombreuses espèces : Libellago stictica, L. semiopaca, Heliocypha biseriata, Dyspahea dimidiata, Neurobasis longipes, Rhinagrion borneense, Prodasineura verticalis, Argiocnemis rubescens, Pseudagrion perfuscatum, Orthetrum schneideri, O. testaceum, Onychothemis coccinea… Et j’imagine que cette énumération est très incomplète, car le temps maussade en début de matinée est enfin devenu beau, notre première journée de soleil, et sans pluie, depuis six jours.
S’il ressemble fortement à son cousin O. coccinea présent aussi sur la rivière, il s’en distingue par son front métallique noir, ses yeux verts, son thorax marqué identiquement de bandes jaunes, mais plus sombre. Enfin, son abdomen rouge est marqué latéralement à l’union de chaque segment d’un triangle noir, qui se poursuit sur la face dorsale par un anneau sombre, alors que l’abdomen de O. coccinea est à peu près complètement rouge.

Il mesure 45 à 47 mm au total et se plait sur des rameaux surplombant la rivière, depuis lesquels il peut surveiller son territoire et chasser les intrus.
Sa distribution géographique est large, depuis le Sulawesi, Sumatra, Java, Bali and Bornéo, à travers la Malaisie Péninsulaire et la Thaïlande, jusqu’au sud de la Chine. Sa présence est confirmée au Laos et Cambodge, mais peut-être pas au Vietnam. Il est signalé en Chine, à l’extrême sud du Yunnan.
IUCN Red List

Étymologie
Onychothemis de onycho, pour griffe, ongle, talon et de Themis. Themis, est la déesse grecque de l’ordre et de la justice, qui a été utilisé de nombreuses fois depuis Hagen (1861), et Brauer a suivi la mode en 1868 quand il a créé ce genre. Le nom de la déesse de l’ordre est particulièrement bien adapté à la taxonomie, science qui vise à décrire et ordonner les familles, genres et espèces.
Lorsque Brauer décrit ce genre (1), il donne un caractère distinctif : « tarses sans dents, tibias avec de longues épines ». Ainsi, les tarses, ou griffes, sans dents, sont à l’origine de ce nom.
Culminicola du latin culmen pour sommet et d’un dérivé du verbe colere signifiant habiter. Pour l’instant, je ne suis pas parvenu à lire la description de Förster (2), mais je suppose qu’il a trouvé l’espèce en « altitude » ou au moins pas en plaine, où semble confiné son cousin O. coccinea.
1- Heinrich Fliedner, 2020 – The scientific names of Brauer’s odonate taxa – Journal of the International Dragonfly Fund – 148.
2- Förster, F. (1904). Neue Odonaten. Jahrbücher des Nassauischen Vereins für Naturkunde, 57, 301-306.