
Comme on peut s’en douter en voyant mes photos, Elattoneura analis vit dans les milieux sombres !
Il faut tout de suite expliquer la raison des guillemets qui entourent son nom d’espèce ; il n’appartient certainement pas à ce genre africain, et si on conserve ce nom, c’est actuellement par simplification, en attendant que de l’ordre soit remis dans la taxinomie. Voir Dow & al., 2019 (1).

C’est un Platycnemididae au long abdomen, 31 mm et au petit thorax et tête, 6 mm et il dépasse à peine 37 mm si on se réfère à la taille donnée par Selys, 1860 (2).
Une fois hors de la forêt, il est facile… à identifier en raison de différents détails qui associés excluent tout risque de confusion : mâles et femelles ont les yeux tricolores barrés de marron, une bande antéhumérale sombre marquée de 2 ou 3 points ou traits clairs dans sa partie distale, la bande sombre thoracique inférieure interrompue par une coloration claire dans sa partie terminale alors que la partie toute distale porte une petite tache de couleur claire.
Le mâle porte un motif bien particulier sur le S2, « Une tache orangée ovale, pointue en arrière, … » (2).
Mâles et femelles montrent des ptérostigmas que Selys décrit noirâtres sur des sujets de collection, mais qui sont marrons, bien entourés d’une zone claire pour les mâles : « Ptérostigma en losange assez allongée [sic], noirâtre ; un peu plus clair à l’entour, surmontant une cellule. » (2).
Enfin, si l’abdomen est très sombre, noir, avec des anneaux clairs à l’union de segments, l’extrémité du neuvième, la face supérieure du dixième et les appendices anaux supérieurs, courts, cylindriques et pointus, sont clairs.

« Elattoneura » analis ressemble à Prodasineura verticalis (ou plutôt aux membres du complexe P. verticalis/humeralis, qui présente d’autres problèmes taxinomiques) mais les yeux de ce dernier sont plus rouges, et si les appendices anaux sont (parfois !) également clairs, ni S10 ni S9 ne sont blanchâtres. De plus, ils ne fréquentent pas les mêmes milieux.
Noter ci-dessous les ptérostigmas entourés d’une marge claire.

Nous l’avons observé sur les berges d’une rivière en forêt assez dense.

Il est présent à Bornéo, Sumatra et sur la Péninsule Malaise, mais absent de Singapour.
Les jeunes mâles et les femelles sont bleus ; il est à noter qu’il existerait des mâles adultes bleus.
On retrouve les yeux barrés d’une bande brune, les petites marques colorées dans la bande antéhumérale sombre et les ptérostigmas marrons discrètement cernés de clair. Elles ont été découvertes à proximité immédiate des mâles.



Étymologie
Elattoneura (3) du grec ellaton, pour plus petit, et neuron qui en entomologie est traduit par nervure dans une aile. Ceci en référence à la longueur réduite d’une nervure qui fait référence dans la systématique des zygoptères.
Analis du latin anus, pour anneau, auquel est ajouté le suffixe –alis introduisant une relation, sans doute en rapport avec les demi anneaux colorés à la jonction des segments abdominaux : »Un triangle aux 9° et 10° jaunes, ainsi que des vestiges de demi-anneaux aux segments intermédiaires. ».
Elattoneura analis mâle, Sarawak, Bung Ngiraja, 26/03/2025
1- Dow, Butler, Reels, Steinhoff, Stokvis & Unggang,2019 – Faunistic Studies in Southeast Asian and Pacific Island Odonata – Journal of the International Dragonfly Fund – N° 27.
2- Selys, 1860 – Synopsis des Agrionines – Dernière légion : Protoneura, p. 451.
3- Dragonflies and Damselflies of Namibia, Frank Suhling & Andreas Martens, Gamsberg Macmillan, 2007