Il existe actuellement 88 espèces de Teinobasis (22 ont été découvertes depuis 2005 !) distribuées au sud-est de l’Asie jusqu’en Australie où l’on trouve Teinobasis rufithorax que j’ai eu le plaisir de rencontrer.
Avant ce séjour à Bornéo, je n’avais jamais rencontré un autre membre de ce genre en Asie ; au Sarawak, nous en avons rencontré trois Teinobasis cryptica, T. ruficollis, T. suavis.

Nous n’avons rencontré qu’une femelle, dans une tourbière forestière marécageuse, en compagnie de Rory Dow (1) ; quoi de mieux que de rencontrer une espèce en présence de son descripteur sur le site où a été prélevé l’holotype !
De plus, et c’est une chance pour un amateur, Teinobasis cryptica se distingue de tous les autres Teinobasis (au moins du Sundaland) par le fait que la face dorsale du thorax est pâle, non couverte de coloration noire : « Easily distinguished from other Teinobasis species known to occur in Sundaland by the pale dorsum of the synthorax in both sexes » (1).
L’abdomen de la femelle mesure 31.5 mm (hors ovipositeur et appendices anaux) ; elle mesure vraisemblablement autour de 37 mm.
Rory Dow nous a dit qu’il pensait que les mâles vivaient dans la canopée ; Robin Ngiam & Marcus Ng qu’ils ont vu les deux sexes pendant en dessous des feuilles (2) dans l’ombre.

La photo ci-contre montrant Rory Dow examinant une de ses captures a été faite quelques minutes après celles de cette femelle T. cryptica et donne une idée de son biotope : un marécage en forêt, où chaque pas peut être une surprise…
Il n’est actuellement connu à Bornéo que du Sarawak et de Brunei, mais aussi de de Malaisie Péninsulaire et de Singapour.
IUCN Red List.
Étymologie
Teinobasis (3) ; Selys avait décrit cette espèce comme appartenant aux Telebasis, qui est un genre exclusivement américain. Kirby, lorsqu’il a créé ce nouveau genre en 1890 a remplacé le mot grec –tele, signifiant – à distance, par –teino, pour étendre, ceci pour souligner le fait que l’aile est très pétiolée et que ce rétrécissement s’étend, selon les mots mêmes de Selys « jusqu’à l’origine du quadrilatère après la nervure post-costale ».
Cryptica ; laissons R. Dow (1) expliquer ce choix : « An adjective, from the Latin crypticus. Named for its cryptic colouration and behaviour. Adjectif dérivé du latin crypticus, désignant une espèce dont la coloration et le comportement sont mystérieux. »
1- Dow, 2010 – A review of the Teinobasis of Sundaland, with the description of Teinobasis cryptica sp. nov. from Malaysia (Odonata: Coenagrionidae)– International Journal of Odonatology 13 (2) 2010: 205-230.
2- Robin Ngiam & Marcus Ng – A photographic guide to the Dragonflies and Damselflies of Singapore – John Beaufoy Publishing – 2022
3- The Naming of Australia’s Dragonflies, Ian Endersby & Heinrich Fliedner, Busybird publishing.