Bornéo, Sarawak – Heliaeschna crassa Krüger,1899 / Heliaeschna idae (Brauer, 1865)

Heliaeschna sp. femelle, Bornéo, Kuching, 21/03/2025
Heliaeschna sp. femelle, Bornéo, Kuching, 21/03/2025

Un membre de notre équipe a trouvé cette femelle morte, Heliaeschna crassa ou Heliaeschna idae, sur le sol, à l’extérieur de notre hôtel dans la ville de Kuching. Les mâles de ces deux espèces ne sont pas faciles à séparer et leurs appendices anaux sont très voisins, comme le montrent Tang & al. 2010. Mais on ne sait pas séparer les femelles, si tant est qu’il s’agisse bien de deux espèces différentes…
Parmi les onze Heliaeschna décrits dans le monde (Afrique et Asie), cinq sont présents au Sarawak, et trois dans la région de Kuching, mais H. simplicia femelle ne semble pas présenter ces bandes et taches ambrées sur les ailes.
L’appartenance au genre Heliaeschna a été confirmée par la présence de quatre dents ou épines sur la plaque ventrale dentigère du dixième segment, comme on le constate ci-dessous.

L’appartenance au genre Heliaeschna a été confirmée par la présence de quatre dents ou épines sur la plaque dentigère ventrale du dixième segment comme on le constate ci-dessous et qui séparent le genre des Gynacantha (2 épines) où elles ont d’abord été classées pour certaines (Heliaeschna idae, par exemple). Ces épines interviennent peut-être au moment de la ponte pour s’accrocher dans le substrat, souvent du bois pourri.

Les Heliaeschna sont des espèces essentiellement crépusculaires qui habitent les marais forestiers.
Ils sont de grande taille ; la femelle H. idae décrite par Brauer (1866) atteint 78 mm, tandis que Tang & al. (2010) mesurent H. crassa mâle à 72-77 mm.

Heliaeschna sp. femelle, Bornéo, Kuching, 21/03/2025
Heliaeschna sp. femelle, Bornéo, Kuching, 21/03/2025

Les deux espèces sont présentes à Bornéo, à Sumatra et sur la péninsule Malaise, mais seule H. crassa atteindrait la Thaïlande.
IUCN Red list : Heliaeschna idaeHeliaeschna crassa.

Heliaeschna sp. femelle, Bornéo, Kuching, 21/03/2025
Heliaeschna sp. femelle, Bornéo, Kuching, 21/03/2025

Étymologie
Heliaeschna (Selys, 1882) combine le grec ἕλιξ , helix pour vrille, enroulement et le genre Aeshna, selon Fliedner (2020), qui reprend le texte de Selys : « Le 10ᵉ segment prolongé en dessous en une plaque fourchue procombante, à branches fines, longues, aiguës, écartées ».
Même si cette interprétation peut sembler incertaine, c’est certainement la meilleure ; on peut écarter helios, le soleil, pour ces espèces dont Selys pouvait imaginer la tendance crépusculaire par leurs très grands yeux, comme nos Aeschnidae européens. Helos qui signifie marais en grec, est plus séduisant, mais d’une part, je doute que Selys ait connu l’habitat réel et précis de l’espèce qu’il décrivait, ensuite le passage de helo à heli suppose une gymnastique euphonique sans doute exagérée.

Crassa, du latin crassus, signifie épais, gros, robuste, massif. Fliedner (2021) cite Krüger qui écrit, comparant l’espèce à H. simplicia : « Der ganze Körper ist massiger. Der Kopf ist größer, 10 mm breit (simplicia 9 mm nach den hiesigen Stücken) » soit « L’ensemble du corps est plus massif. La tête est plus grande, 10 mm de large (9 mm pour simplicia d’après les exemplaires locaux). ».
Idae, Brauer (1886) précise que la femelle qu’il décrit a été capturée par la célèbre exploratrice autrichienne Ida Pfeiffer à Bornéo.

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