Ischnura pumilio (Charpentier, 1825)

Ischnura pumilio mâle, Beaupréau (F-49), 18/05/2010
Ischnura pumilio mâle (1), Beaupréau (F-49), 18/05/2010
Description – Identification

Ischnura pumilio est le plus petit Coenagrionidae et le plus petit odonate de France, maintenant que Nehalennia speciosa est considéré comme disparu.
Les mâles mesurent entre 26 et 31 mm avec une aile postérieure de 14 à 18 mm. Sur les sujets matures, les yeux sont bleus en dessous, noirs au-dessus et la tête porte deux petites taches post oculaires rondes et bleues. Sur fond noir, le thorax porte une bande ante humérale bleue, alors que la partie inférieure du thorax est bleue. L’abdomen est noir au-dessus à l’exception de la partie distale du 8° segment et du neuvième (parfois marqué de noir) qui sont bleus.

Comparaison Ischnura pumilio / elegans ♂

C’est donc un sosie du très commun Ischnura elegans avec lequel il est souvent confondu ; il s’en distingue facilement par la position du spot bleu sur l’abdomen qui est sur le 9° segment et non le 8°. Plus difficile à observer sont les ptérostigmas qui sont spécifiques de l’espèce, ceux des ailes antérieures sont bicolores et nettement plus grands que ceux des ailes postérieures.
Le bord postérieur du pronotum de Ischnura pumilio n’est pas redressé comme celui d’I. elegans.

Les cas des femelles est plus difficile, car elles sont polymorphes et présentent une forte évolution entre les stades juvéniles et matures. Si les jeunes femelles sont orange (forme dite « aurantiaca), à maturité, elles sont bleues, vertes ou… orange. On a longtemps considéré cette dernière couleur comme une preuve d’immaturité, mais le nombre d’observations d’accouplements avec des femelles orange tend à démontrer l’inverse.
Quelle que soit leur couleur, elles n’ont jamais de spot sur S9 ou S8, elles n’ont pas de bande antéhumérales noires, et comme les mâles, elles montrent des ptérostigmas de taille très différente entre les ailes antérieures et postérieures.
Vertes ou bleues, voire bleu-vert avec des traces orange, elles portent ou non des taches postoculaires, qui, si présentes, peuvent être très large.
On les identifie souvent par élimination des autres espèces et par leurs ptérostigmas.

Habitat et distribution géographique

C’est une espèce pionnière sur les pièces d’eau récentes et encore pas ou très peu végétalisées, on les rencontre assez souvent sur les bassins d’orage (photo 1), les carrières abandonnées (argilières ou sablières dans ma région). Elle fréquente également les marais saumâtres (photo 2) ou les queux d’étangs (photo 3). Mais dès que la végétation s’installe, les populations s’affaiblissent et disparaissent au profit d’autres espèces.
En France, l’Agrion nain est peu commun, mais on peut le rencontrer dans tous les départements. Il est cependant plus facile de le contacter sur une zone s’étendant de l’Atlantique (Loire-Atlantique au Pays-Basque) vers une large région Rhône-Alpes.
Atlas Dynamique des Odonates de France
Sa distribution mondiale s’étend à l’ouest, de l’Irlande et du sud-ouest de l’Angleterre, au Maghreb au sud, au sud de la Scandinavie au nord, jusqu’en Chine et Mongolie.
IUCN Red List

Période de vol

De fin mars à octobre dans le sud de la France ou l’espèce peut être trivoltine, de mai à septembre dans le nord où elle est seulement bivoltine voire univoltine.

Agrion nain femelle aurantiaca, la Loubière (France-07), 14/06/2013
Ischnura pumilio (jeune) femelle aurantiaca, la Loubière (France-07), 14/06/2013
Comportement – Écologie

Les adultes s’écartent très peu du lieu de leur naissance, sauf à l’aide des courants atmosphériques qui leur permettent de coloniser des habitats adaptés à (grande) distance. On note d’ailleurs depuis les dernières décennies une nette expansion des populations vers le nord, certainement en lien avec le réchauffement global.
L’accouplement dure de 1 à 5 heures (1) (à peine moins que les 6 heures de leur cousin I. elegans). La femelle pond seule sur divers substrats. Les œufs éclosent en 2 à 6 semaines selon la température.

Étymologie

Ischnura du grec « ischnos » – fin, et de « ura » – queue, soit abdomen pour les insectes. Alors que cet odonate ne présente pourtant pas un abdomen sensiblement plus fin que les autres Coenagrionidae.
Pumilio, du latin « pumilio » – nain, car c’était alors la plus petite espèce que connaissait Charpentier.

1- Lifetime matin success, survivorship and synchronised reproduction in the Damselfly Ischnura pumilio (Odonata : Coenagrionidae), Adolfo Cordero Rivera & José Angel Andrés Abad, International JOurnal of Odonatology 2 (1) : 105-114, 1999.

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