
Diphlebia hybridoides, Lestoideidae (autrefois Diphlebiidae), est un coup de cœur, tant pour les mâles que les femelles, et je n’ai qu’un regret, celui de ne l’avoir rencontré qu’un seul jour, brièvement, loin de nous et dans des conditions d’éclairage très difficiles.
Il est magnifique avec ses 4 ailes barrées de noir près de l’apex, son abdomen bleu vif et son thorax bleu, orange et vert, les couleurs se fondant les unes dans les autres.

C’est un grand zygoptère de 52 mm ce qui lui vaut le nom de Giant Rockmaster. Je n’ai vu sans doute que 2 mâles et 2 femelles, mais j’ai été surpris de le voir presque tout le temps les ailes jointes. Cela ne devrait pas être étonnant du fait que c’est un zygoptère, mais j’avais fait l’observation inverse pour son cousin D. euphoeoides et le fait d’avoir les ailes ouvertes est un caractère commun à ce genre. J’ai vérifié les photos que je pouvais trouver sur le Web, et en effet, la moitié des sujets ont les ailes accolées, alors que les photos de D. euphoeoides aux ailes jointes sont rares (sauf bien sûr les sujets tout jeunes). Je suis bien incapable d’en tirer une conclusion quelconque.

Il est facile à identifier, car son thorax montre une pigmentation unique parmi tous les Diphlebia australiens, tout comme il est le seul à exhiber des appendices anaux relevés à leur apex.
L’abdomen de Diphlebia lestoides (non contacté) est également essentiellement bleu, mais ses appendices anaux sont bleus et ses ailes sont discrètement barrées d’une bande claire (nous n’avons malheureusement rencontré que D. euphoeoides et D. hybridoides, parmi les 5 espèces présentes).

4 espèces seulement étaient connues lorsque Tillyard, dans « On the genus Diphlebia, with descriptions of new species, and life-histories » (2) a décrit Diphlebia hybridoides et cette planche est issue de cet ouvrage.

C’est un habitant de la forêt humide ou il vit sur les rivières et ruisseaux. Mais nous ne les avons trouvés qu’en plein soleil, à l’interface entre forêt et sentier.
Ci-dessous c’est un sujet plus jeune dont les bandes alaires ne sont pas encore nettement définies, avec des yeux marron et du jaune sur la face (couleur dominante des immatures et des femelles).

Il est endémique du nord-est du Queensland, une zone très côtière très limitée, centrée sur Cairns.
IUCN Red List
Atlas of Living Australia


Les femelles que nous avons rencontrées semblent assez jeunes et montrent un abdomen essentiellement jaune, mais le thorax est bleu, ou bleu-vert, et jaune, comme pour les mâles.
Ci-dessous à droite, on remarque une femelle distinctement plus âgée, plus terne.


Diphlebia (1), est inspiré de 2 mots grecs, dont le premier signifie –deux, et le second –veine, pour souligner le fait que, pour ce genre, il n’y a que, 2 veines anténodales qui traversent l’espace sous costal (voir plus bas).
Hybridoides, du latin –hybrida, pour –bâtard, sang-mêlé, et du suffixe grec –oides, indiquant la ressemblance. Tillyard explique dans sa publication (2) qu’il présente à la fois des caractères de D. euphoeoides et de D. lestoides
Ci-dessous, on trouve une petite fourmi bien courageuse, transportant une aile d’un mâle Diphlebia hybridoides ; je ne me doutais pas lorsque j’ai fait cette photo que cela serait la seule qui me permettrait d’illustrer (péniblement) l’origine du nom de genre.


Étymologie du nom de genre
En effet, en agrandissant la photo, ci-dessus à droite, on constate que les 2 veines fléchées traversent l’espace sous-costal ; c’est difficile à voir, car cet espace est très réduit… Après ces 2 veines, l’espace sous-costal est libre.
-1- The Naming of Australia’s Dragonflies, Ian Endersby & Heinrich Fliedner, Busybird Publishing 2015
-2- Tillyard, R.J. (1912). « On the genus Diphlebia, with descriptions of new species, and life-histories ». Proceedings of the Linnean Society of New South Wales. 36 (1911) : 584–604 [587]