Orthetrum sabina (Drury, 1770)

Orthetrum sabina est un grand Libellulidae (47 à 52 mm), très commun dans la majeure partie de son aire de distribution, que j’ai fréquemment rencontré en Asie. Il est facile à identifier avec son gros thorax et son abdomen très dilaté puis filiforme terminé par des appendices anaux blancs, mais il est assez souvent confondu avec Diplacodes trivialis, quand celui-ci est jeune et non couvert de pruine bleue : il est pourtant beaucoup plus grand, sa nervation est plus dense et il compte en particulier beaucoup plus de nervures anténodales.

Orthetrum sabina mâle, Australie (NT), Howard Springs, 13/04/2022
Orthetrum sabina mâle, Australie (NT), Howard Springs, 13/04/2022

En Océanie, il est très proche de O. serapia, beaucoup moins commun. La différence la plus simple à voir est la forme des motifs noirs sur l’abdomen, ils sont simples pour O. sabina, en forme de trident pour O. serapia. Cela semble évident sur la photo ci-dessous, mais sur le terrain, percevoir ces motifs très proches n’est pas si simple.

En Asie ou en Océanie, il reçoit de Slender skimmer, ce qui est bien facile à comprendre tant il est mince. Pour rappeler son appétit, on l’appelle aussi le Green marsh Hawk, car il a coutume d’attraper de grosses proies, et se nourrit communément de zygoptères et même d’anisoptères, on trouve de très nombreux exemples sur le Web. J’ai fait cette assez mauvaise photo au Cambodge où on le voit manger un mâle Diplacodes nebulosa : par transparence de son aile postérieure gauche, on voit la tache alaire « chocolat » que porte ce petit Libellulidae (23-25 mm).
Privilège des espèces à très large distribution géographique, il a de multiples noms et on l’appelle aussi Variegated green skimmer, notamment à Singapour, en raison de ses taches noires abdominales irrégulières d’un individu à l’autre.
Il n’est pas présent en France, mais il a tout de même reçu le nom d’Orthetrum en alène, toujours pour la finesse de son abdomen.

Ci-dessous à droite, ce sujet très vert, se nourrit d’un papillon de nuit et sa face est couverte des écailles de ses ailes.

C’est un habitant des eaux calmes, stagnantes ou faiblement courantes, dans des zones relativement ouvertes. On le trouve sur les fossés, les étangs, les mares, les marais et les parties lentes, ou les piscines des rivières.

J’ai vu des sujets jaunes, sans doute jeunes, des verts plus matures, mais je n’avais jamais vu de sujet marron et j’ai eu du mal à me persuader sur le terrain que c’était Orthetrum sabina, particulièrement en raison de cette bande blanche qui barre son thorax. Il n’y a pourtant pas d’autre choix.

Orthetrum sabina mâle, Australie (FNQ), Big Mitchell Creek Reserve, 09/12/2022
Orthetrum sabina mâle, Australie (FNQ), Big Mitchell Creek Reserve, 09/12/2022

Les femelles ressemblent tout à fait aux mâles et sans voir les appendices anaux, il n’est pas possible de les différencier à coup sûr, bien que leur abdomen soit souvent plus large.

Son aire de distribution est gigantesque ; à l’est, il atteint l’Algérie et la Grèce, à travers le Moyen-Orient et la Russie, il se répand en Chine et au Japon. Plus au sud, il touche le nord de l’Inde, l’Asie du sud-est, traverse la Malaisie, l’Indonésie et la Nouvelle-Guinée pour finalement accéder à l’Australie.
IUCN Red List
Au Laos, au Vietnam, au Cambodge, au Guizhou, au Sri Lanka, en Malaisie, au Rajasthan.

Orthetrum sabina femelle, Australie (NT), Howard Springs, 13/04/2022
Orthetrum sabina femelle, Australie (NT), Howard Springs, 13/04/2022

En Australie, il est confiné aux régions côtières, depuis l’est de l’Australie-Occidentale, le nord du Territoire du Nord, le Queensland et atteint à peine l’état de Victoria.
Atlas of Living Australia

Orthetrum (1) vient de 2 mots grecs, orthos signifiant « droit « et etron  « abdomen  », ceci pour signifier que les côtés de l’abdomen sont parallèles. Ce nom de genre créé par Newman en 1833 a perdu sa pertinence avec la découverte de nouvelles espèces, mais le nom est resté.
Sabina fait référence aux Sabines, enlevées par Romulus aux origines de Rome. Mais cette référence étymologique n’explique pas le choix de ce nom d’espèce, sinon que la « mode » a souvent été de donner des noms qui faisaient référence à la mythologie grecque ou romaine.

Slender skimmer tandem, Australia (NT), Rum Jungle Lake, 16/04/2022
Orthetrum sabina tandem, Australie (NT), Rum Jungle Lake, 16/04/2022

Il faut remarquer sur plusieurs de ces sujets la présence de parasites, sous la forme d’un diptère Ceratopogonidae, rougeâtre, sans doute un Forcipomyia sp. : photos 1, 3, 8 et 12.

-1- The Naming of Australia’s Dragonflies, Ian Endersby & Heinrich Fliedner, Busybird publishing.

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