Metaleptobasis minteri (Daigle, 2003)

Metaleptobasis minteri mâle, Pérou, ARC, Maynas Province, 19/08/23
Metaleptobasis minteri mâle, Pérou, ARC, Maynas Province, 19/08/23

Metaleptobasis minteri est une beauté originale, par sa couleur vert amande que je n’avais jamais rencontrée pour un odonate, ses somptueux yeux verts et rouges et le feu orange qui anime ses derniers segments. Il fait partie des 32 Metaleptobasis actuellement connus, nous en avons rencontré au moins 2 autres.
Lorsque Daigle décrit cette espèce en 2003 (1), c’est la 18° du genre. Natalia Von Ellenrieder fait en 2013 un énorme travail de révision du genre, ouvrage de 155 pages, d’une richesse de détails et de précision admirable. En examinant 1400 spécimens (2), elle synonymise 7 espèces, en ajoute 18 nouvelles, portant le nombre à 31. Enfin, la même odonatologue décrit en 2022 une 32° espèce.

C’est dire si le genre est difficile, et l’examen des appendices anaux est essentiel pour l’identification. Ici, les cerques (appendices supérieurs) se devinent (rougeâtres) au-dessus des paraproctes (appendices inférieurs) ; ils font la moitié de leur longueur.

Le genre se rencontre en Amérique Centrale et en Amérique du Sud.
La distribution de Metaleptobasis minteri est limitée au Pérou et à l’Équateur.
IUCN Red List (qui n’est pas à jour…).

Metaleptobasis minteri mâle, Pérou, ARC, Maynas Province, 19/08/23

Les Metaleptobasis font partie des rares espèces d’odonates à porter des « cornes » ou épines sur la partie toute antérieure de l’épisterne mésothoracique (mesanepisternal horn). Malheureusement, leur taille est variable pour M. minteri où elles sont, de plus, perpendiculaires à l’axe du corps, se projetant précisément dans l’axe de ma photo… On les devine à peine, à la partie toute antérieure du mésothorax, juste en arrière du pronotum, sous la forme d’un petit trait sombre.

On les voit très bien sur cette mauvaise photo de Metaleptobasis foreli (au Panama).

Dans ce genre au très faible dimorphisme sexuel, les femelles, au sein d’une même espèce, peuvent présenter ou non, ces épines. Natalia Von Ellenrieder suggère que ces épines pourraient être un signal de reconnaissance, plus marquant qu’une différence de coloration, dans l’environnement très sombre où ils évoluent. De la même façon, la présence de ces épines sur certaines femelles est à comparer et à rapprocher des colorations androchromes observées sur certaines autres, caractéristiques qui les empêcheraient d’être harassées par les mâles.

Ce mâle n’est pas vert et pourtant ses appendices anaux sont bien conformes à M. minteri. Il est tout simplement jeune, et deviendra vert plus tard.

Ils mesurent environ 42 mm et vivent en forêt inondée, marais, ruisseaux forestiers, mais des milieux plus ouverts sont aussi décrits, comme des lacs.

Metaleptobasis minteri mâle, Pérou, ARC, Maynas Province, 19/08/23

J’ai eu la chance d’observer un couple en ponte, dans une zone marécageuse bien sombre et ces photos sont éclairées par le flash. Cette scène est semble-t-il rarement observé. Les tandems, accouplements ou pontes permettent de s’assurer de l’aspect des femelles et de constater le faible dimorphisme sexuel.

Metaleptobasis minteri mâle, Pérou, ARC, Maynas Province, 19/08/23
M. minteri mâle, Pérou, ARC, Maynas Province, 19/08/23
Metaleptobasis minteri mâle, Pérou, ARC, Maynas Province, 19/08/23

Metaleptobasis (Calvert, 1907), du grec meta, signifiant -au-delà, à côté, avec et de Leptobasis, un genre créé par Selys en 1877, pour signifier que ce nouveau genre est proche de Leptobasis. Ce dernier genre doit son nom à deux mots grecs, λεπτός, pour fin, mince, et βάσις, pour base, pour souligner l’étroitesse de la base de l’aile, qui est dite pétiolée (3). Selys y avait regroupé tous les zygoptères présentant des ailes pétiolées et devant la découverte de nouveaux spécimens, il a été nécessaire de diviser ce genre en affinant la nervation.
Minteri est explicité par Daigle dans le document (1) ; il rend ainsi hommage à son ami Minter Jackson Westfall, jr., éminent odonatologue, pour ses très nombreuses contributions au champ de l’odonatologie.

1- Metaleptobasis minteri spec. nov. from Ecuador (Zygoptera: Coenagrionidae), J. J. Daigle, Odonatologica 32(4): 371-374, December 1, 2003
2- A revision of Metaleptobasis Calvert (Odonata:Coenagrionidae) with seven synonymies and the description of eighteen new species from South America, NATALIA VON ELLENRIEDER, Zootaxa 3738 (1): 001–155, Copyright © 2013 Magnolia Press
3- The Scientific Names of North American Dragonflies, Heinrich Fliedner, Ian Endersby – Busybird Publishing 2019

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