Ceriagrion praetermissum, un des neuf de Thaïlande, fait partie d’un genre qui contient 48 espèces, que l’on rencontre sur quatre continents, absent des Amériques. Quand on en a vu quelques-uns, on reconnaît facilement l’appartenance au genre, par l’aspect fragile, les pattes aux courtes épines, la coloration souvent mate et cireuse du thorax glabre, les derniers segments (8, 9 et 10) légèrement fléchis vers le bas, les très courts appendices anaux. Ils offrent cependant une très grande diversité de coloration avec des membres spectaculaires, comme C. cerinorubellum, entre autres.
Selon Lieftinck (1), son abdomen mesure 23.5 mm, son aile postérieure 15 mm. Une mesure faite sur un profil parfait et un petit calcul permettent de montrer que l’insecte entier atteint 29.5 mm.
C’est une espèce que l’on rencontre sur les mares, étangs et canaux, mais parfois également les rivières.
Pour notre part, nous ne l’avons observé qu’à Chiang Mai, sur la mare de l’arboretum (Huai Kaeo arboretum) et sur le réservoir de l’université (Angkaew Reservoir), à plusieurs reprises sur chaque site. Ils sont faciles à repérer avec leur abdomen flamboyant et se tenaient à proximité des berges sur la végétation flottante.
Je n’ai pas vu de femelle isolée et il faut profiter des tandems et accouplement pour faire leur connaissance ; si elles ont aussi les yeux rouges, elles sont beaucoup plus ternes, mais conservent cette curieuse bande légèrement plus claire qui chevauche la suture interpeurale présente chez le mâle.
Il est présent du nord-est de l’Inde jusqu’au moins au sud du Vietnam (Tom Kompier, à Cat Tien), à travers la Thaïlande, le Myanmar, le Laos et le Cambodge. Curieusement absent de la Malaisie péninsulaire, on le retrouve à Sumatra et Java.
IUCN Red List
Ci-dessous un dernier sujet, à Chiang Mai, le 08/06/2024, sur le réservoir de l’université. Noter les courtes épines des pattes.
Dans Ceriagrion, on retrouve le classique Agrion créé par Fabricius (1775) pour désigner tous les Zygoptères et qui vient d’un mot grec signifiant sauvage, sans doute pour indiquer, d’après Fliedner (2006), qu’on trouve ces insectes dans les champs et non dans un environnement domestique.
La première partie du nom de genre vient d’un mot latin, Cerinus, signifiant couleur cire, en rapport, selon (2) avec la coloration jaunâtre ou verdâtre. Personnellement, je pense qu’il s’agit, plutôt que d’une question de couleur, d’une notion de texture ; pour moi, c’est réellement l’aspect cireux (de la coloration) du thorax qui a été retenu pour désigner le genre.
Praetermissum vient du latin praetermissus, a, um et signifie omis, négligé. Si Lieftinck n’explique pas ce choix, il signale que Ris 1912, décrit un Ceriagrion de Java, sous le nom douteux de C. erubescens, qui est très vraisemblablement un C. praetermissum… négligé (dans le sens de « ignoré », bien sûr).
1- Lieftinck M. A., Contributions to the Dragonfly fauna of the Sondaic Area, Tijdschrift Voor Entomologie, in 1929, in volume 72, pages 109-147.
2- The Naming of Australia’s Dragonflies, Ian Endersby & Heinrich Fliedner, Busybird publishing.