Enallagma cyathigerum (Charpentier, 1840)

Enallagma cyathigerum mâle, Lac Chauvet (France- Puy-de-Dôme), 23/07/2017
Enallagma cyathigerum mâle, Lac Chauvet (France- Puy-de-Dôme), 23/07/2017
Description – Identification
Enallagma cyathigerum mâle, Lugan (France-81), 19/06/21

Les mâles Enallagma cyathigerum ou Agrion porte-coupe (Coenagrionidae) sont bleus avec des motifs noirs, ils sont très visibles dans la végétation. Les taches postoculaires bleues sont larges, le pronotum porte toujours deux taches bleues parfois très étendues.

La bande antéhumérale noire limite une zone bleue qui s’élargit nettement en avant, mais surtout la suture méta pleurale n’est pas surlignée de noire ; c’est un critère essentiel.

Le 2° segment abdominal porte une marque noire en forme de champignon ou de coupe, les autres segments une version très variablement déformée de cette coupe, jusqu’au S7, noir au 8/10° sur sa face dorsale. Les segments 8 et 9 sont entièrement bleus et ce caractère est unique parmi les Coenagrionidae. Les appendices anaux inférieurs, plus longs que les supérieurs, sont acérés et recourbés vers le haut. Ils mesurent 29 à 36 mm.

Les femelles sont variables, bleues, vertes, ternes, voire jaunes quand elles sont jeunes. Les taches postoculaires sont larges, le pronotum fortement marqué d’une tache colorée, et tout comme les mâles, la bande antéhumérale noire limite une zone colorée qui s’élargit nettement en avant, mais surtout la suture méta pleurale n’est pas surlignée de noire.

L’abdomen des femelles porte des torpilles noires très caractéristiques. À la jonction du S8 et du S9, on identifie une épine vulvaire spécifique de l’espèce, bien visible sur la femelle bleue ci-dessus.

Mâles et femelles sont difficiles à confondre avec une autre espèce : on peut comparer les mâles ici.

Enallagma cyathigerum femelle jaune, Saint-Rémy en Mauges (France-49), 13/06/2010
Enallagma cyathigerum femelle jaune, Saint-Rémy en Mauges (France-49), 13/06/2010
Habitat et distribution géographique

Enallagma cyathigerum est une espèce extrêmement commune qui se plaît sur quasiment toutes les eaux stagnantes et très faiblement courantes, mais elle n’accepte pas les toutes petites mares (comme celle de mon jardin) et rarement les fossés : il arrive au contraire qu’on la trouve en très grand nombre sur les étangs et lacs acides.


Ici, sur une ancienne argilière du Fuilet (France-49), le 14 juillet 2008, des milliers d’Agrion porte-coupe erraient à la recherche de femelles au ras de l’eau.

Agrion porte-coupe mâles et femelles, Le Fuilet (France-49), 14/07/2008

On le trouve dans tous les départements français, en plaine, jusqu’au moins 2500 m dans le sud.
Atlas dynamique des Odonates de France
Il est très bien représenté en Europe de l’Ouest (Royaume-uni inclus), et même au nord du Maroc, jusqu’au nord de la Suède et de la Finlande. Même si les populations sont beaucoup plus disparates dès que l’on atteint la Russie, l’Ukraine et la Turquie, il est contacté en Mongolie, en Chine et en Corée.
IUCN Red List

Période de vol

Dans ma région, Maine-et-Loire, je l’ai rencontré de début avril à fin octobre, ce qui correspond à sa phénologie en France.
L’espèce est certainement bivoltine quand les conditions météo sont favorables (et dans le sud de son aire) ; et j’ai en effet assisté à des émergences début avril et d’autres, sur un site voisin, fin juillet.

Comportement – Écologie

La copulation dure 10 à 20 minutes, la ponte s’ensuit aussitôt. Soit le couple constitué pond sur des débris flottants, ce que je n’ai jamais vu, soit la femelle se sépare du mâle (ou le mâle l’abandonne…) et descend sous l’eau, la tête la première, le long de la tige des végétaux aquatiques et y pond dans cette position (voir ici). Elle se lâche et peut à nouveau se cramponner pour pondre plus haut ou sur une autre tige. Elle détient le record de plongée parmi tous les odonates observés avec 185 minutes !
La phase larvaire dure de 3 mois (bivoltinisme) à 4 ans (dans le nord) et comporte 11 à 15 mues, en fonction de la richesse du milieu et de la température.

Étymologie

Enallagma, du grec Enallax – alterné, se succédant et Agma – fragment qui pourrait évoquer l’alternance de marques bleues et noires du thorax.
Charpentier a imaginé le terme Enallagma comme « changeant » ou peut-être « variant », pour regrouper tous les Coenagrionidae européens pour lesquels la coloration de l’abdomen des mâles est bleue avec des marques noires, c’est-à-dire l’actuel espèce Enallagma mais aussi les Coenagrion et Erythromma lindenii. Il voulait que le nom soit compris comme « à risque de confusion » en raison de la similarité des espèces.
Mais sa proposition est restée sans effet jusqu’à la description du genre par Selys en 1876.
Cyathigerum, du grec Kyathos – coupe, et du latin Gerula – porteur, d’où le nom commun porte-coupe.

Les anglo-saxons le nomment Common bluet, bluet étant un nom de genre étendu puisqu’il recouvre Enallagma et tous les Coenagrion.

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