Orthetrum albistylum mâle immature, Étang Saint Martin à Capvern (France-65), 07/07/2020
Sans être rare dans mon Maine-et-Loire, Orthetrum albistylum n’est pas commun, moins facile à voir que O. brunneum ou O. coerulescens, alors que O. cancellatum est omniprésent sur les plans d’eau. Aussi j’ai rarement photographié des mâles immatures et c’est avec plaisir que je me suis mis à l’œuvre lors de cette pause près de l’autoroute.
Orthetrum albistylum mâle immature, Étang Saint Martin à Capvern (France-65), 07/07/2020
L’identification ne peut poser de problème tellement à cet âge ils sont différents des autres Orthetrum et ne ressemblent à aucun autre Libellulidae avec notamment leurs appendices anaux clairs et les vagues sombres sur l’abdomen.
Ce sont de très jeunes mâles et femelles Orthétrum à stylets blancs qui m’attendaient au bord de l’étang de Saint Martin à Capvern, non loin de l’autoroute. Leurs yeux pâles, les ailes encore chiffonnées et brillantes témoignent de leur récente émergence, certainement le matin même (il est midi).
C’est toujours un défi amusant que d’arriver à s’approcher suffisamment pour faire ce genre de photo mais ce mâle Orthetrum albistylum s’est avéré patient.
On voit très bien les ommatidies, yeux élémentaires, qui composent cet organe de vision ultra performant, dont on trouvera certains détails sur cette page.
Orthetrum albistylum mâle, Étang Saint Martin à Capvern (France-65), 07/07/2020
Le 7 juillet 2020, sur ce petit étang des Hautes-Pyrénées c’est apparemment le plein moment des émergences car même si je n’ai rencontré que celle-ci (il est midi), j’ai photographié d’autres individus émergents ou très jeunes à proximité. C’est un moment ou les odonates sont très vulnérables, leurs ailes blanchâtres et brillantes dans le soleil attirent l’œil des prédateurs.
Orthetrum albistylum mâle, Étang Saint Martin à Capvern (France-65), 07/07/2020
Et la vie de ce mâle sera sans doute brève, un prédateur n’aura pas de mal à s’en saisir car les ailes se sont mal développées ; les antérieures sont presque normales mais les postérieures complètement chiffonnées sont spiralées. Elles ne parviendront pas à un développement normal.
Orthetrum albistylum mâle, Étang Saint Martin à Capvern (France-65), 07/07/2020
Tant que l’on n’assiste pas à l’émergence, à la sortie de l’imago de son exuvie, il est impossible de connaître les causes de telles difformités et on peut juste supposer qu’une raison quelconque a fait que les ailes sont restées coincées trop longtemps dans les fourreaux alaires. D’ailleurs l’extrémité de l’abdomen semble également mal développée. Un léger coup de vent l’a fait tomber au sol sous mes yeux et c’est moi qui l’ai placé au soleil sur cette fougère, lui donnant une dernière chance….
Les rencontres avec Orthetrum albistylum ne sont pas courantes dans ma région et même si nous sommes ici en Loire-Atlantique, l’île Bernardeau sur la Loire, où ont été faites ces photos, n’est qu’à 25 km de ma commune, à vol de libellule, bien sûr. De plus cette femelle est manifestement jeune, un cas que je n’avais pas encore photographié. Ce que je n’ai pas remarqué tout de suite c’est qu’elle était à table se régalant d’un papillon bien dodu. C’est une nourriture ordinaire pour les odonates et facile distinguer par les observateurs pour sa grande taille parmi les proies parfois minuscules qui constituent le menu des libellules.
La victime est très caractéristique des Sésies et il s’agit de Pyropteron chrysidiformis (Sesiidae) identifiable par les 2 anneaux jaunes qui ceinturent l’abdomen et la touffe de soies rousses à son extrémité. Il mesure 15 à 23 mm d’envergure, une proie « facile » pour un odonate de la taille de l’Orthetrum à stylets blancs (45 à 55 mm de longueur totale). La Sésie de l’oseille a la réputation d’être difficile à observer et je ne l’avais jamais rencontrée.
On voit très bien l’anneau jaune terminal de la Sésie sur cette photo, 6 secondes après celle au-dessus, où l’Orthetrum a fait pivoter sa proie avec ses mandibules pour continuer son repas.