Macrodiplax cora (Kaup in Brauer, 1867)

Macrodiplax cora mâle, Australie (NT), Mataranka, Roper Creek, 18/04/2022
Macrodiplax cora mâle, Australie (NT), Mataranka, Roper Creek, 18/04/2022

J’avais déjà rencontré Macrodiplax cora en Malaisie, en 2013, en bord de mer. C’est un Libellulidae typique qui peut faire penser à un Sympetrum, ne serait-ce la ponctuation noire très spécifique (décrite parfois en forme de sablier) qu’il porte sur l’abdomen.
Il mesure 40 à 45 mm, et ce Coastal glider accepte les eaux saumâtres. Nous l’avons cependant rencontré, ci-dessous, dans une zone semi-désertique, sur un fossé qu’une très forte averse avait malheureusement, pour nos plans, rendu infranchissable…

Il appartient à un genre qui ne compte que 2 espèces, l’autre étant américaine.
Il est difficile de le confondre avec un autre Libellulidae rouge, en raison de la bande noire qu’il porte sur la face dorsale de l’abdomen, mais sa posture habituelle, en bout de rameaux, pourrait faire penser à distance à une espèce du genre Tramea (Tramea Loewi, par exemple), dont il ne possède ni les longs appendices anaux, ni le bleu des yeux.

Coastal glider male, Australia (WA), Kununurra, Goomig Conservation Park, 21/04/2022
Macrodiplax cora mâle, Australie (WA), Kununurra, Goomig Conservation Park, 21/04/2022

Les photos ci-dessus montrent la largeur de son aile postérieure, une indication de son adaptation au vol au long cours ; on évoque son caractère migrateur (Wandering pennant est un autre de ses noms anglais), mais je n’ai trouvé aucun document scientifique en attestant ou ayant étudié ce comportement.
Il est vrai que son aire de distribution est immense : de l’Inde au Japon, à travers le sud de l’Asie et au sud jusqu’en Australie. Il est même cité dans l’est de l’Afrique du Sud et à Madagascar.
En Australie, il est présent sur toutes les régions côtières, sauf celle du sud, mais il est surtout plus commun de l’est de l’Australie-Occidentale au sud du Queensland.
Atlas of Living Australia
IUCN Red List

Cette une espèce que l’on recontre dans les lagons côtiers, les embouchures de rivières ou les marais.

Les femelles ne sont pas rouges, mais plutôt jaunes pour le thorax et oranges pour l’abdomen.
C’est sur elles qu’on voit le mieux cette profonde indentation de leur front, indentation qui par son importance est, je pense, spécifique à ce genre et qu’en tout cas, je n’ai jamais observé sur une autre espèce. On le voit correctement sur la photo ci-dessus à droite, et mieux, sur ce mauvais agrandissement.

Sur cette vue rapprochée, on remarque également les tarses des pattes antérieures qui pendent en arrière de la tête ; dans des conditions normales (absence de grand vent) lors de la station posée, les pattes ne sont pas utilisées, mais repliées derrière la tête, genoux à la hauteur de la moitié de l’œil, comme pendant le vol. Ces pattes antérieures sont utilisées lors de la capture des proies, ou pour la toilette des yeux, car les tibias sont équipés de peignes destinés à cet effet.
Sur la photo de droite ci-dessus, cette vue agrandie de l’aile de la même femelle montre des diptères parasites, sans doute du genre Forcipomyia (Ceratopogonidae), qui se nourrissent de l’hémolymphe qui circule dans les nervures des ailes.

Macrodiplax (1), du grec macrogrand et diplax signifiant –double, référence au pronotum bilobé de l’espèce. Ce genre a été créé par Brauer en 1868 et l’espèce s’appelait alors Diplax cora (1867). C’est lors de sa publication « Verzeichniss der bis jetzt bekannten Neuropteren im Sinne Linné’s. Erster Abschnitt ». Verhandlungen der Zoologisch-Botanischen Gesellschaft in Wien (in German). 18: 359–416 [366] qu’apparaît Macrodiplax, sans explication. Sans doute pour introduire une notion de taille comme dans Nannodiplax.
Cora n’est guère plus clair, si ce n’est que Brauer l’a publié avec une majuscule, indiquant un nom propre. Cora vient du grec signifiant jeune fille. Perséphone, déesse grecque du renouveau de la végétation au printemps était appelée Cora dans son enfance mais quel serait le lien ?
Ian Endersby rapporte l’hypothèse qu’il s’agisse d’un hommage a un ami de Brauer mais n’en trouve pas de trace dans sa correspondance. Il ne semble pas non plus qu’il y ait un lien avec le genre de zygoptères centre et sud-américain Cora (Selys, 1853) qui existait déjà à la date de cette publication…

-1- The Naming of Australia’s Dragonflies, Ian Endersby & Heinrich Fliedner, Busybird publishing.

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