C’est une espèce commune en Namibie et je n’avais jusqu’alors rencontré que des femelles, en Afrique du Sud, très jeune, puis en Ethiopie, bien âgée. Mais même sur ces femelles on met bien en évidence le principale caractéristique qui permet son identification, cette bande claire thoracique qu’on ne voit ici qu’en cliquant sur la photo. Et encore, ce n’est pas très évident et c’est tout le problème des Orthetrum africains!
Ci-dessous c’est plus facile et sur ces 2 sujets on peut remarquer d’autres détails, comme la nervure costale des 4 ailes (la veine la plus antérieure de l’aile) complètement claire et (et malheureusement partagé avec O. brachiale et stemmale au moins) les nervures transverses (Ax) anténodales très claires, surtout sous la nervure sous-costale.
Les ptérostigmas sont clairs, la nervation est très variable et on compte entre 0 et 15 cellules dédoublées au dessus de la veine Radiale supplémentaire (Rspl). La face est claire, plus jaunâtre que blanche avec le front pruineux pour les mâles matures.
L’abdomen est long et fin au delà de la dilatation du 2° et 3° segment, et semble triangulaire à la coupe. Il mesure entre 39 et 45 mm.
Ci-dessous les 2 photos le 21/02/2020, en Namibie bien sûr, près de Rundu et même plus précisément de Shitemo, sur un petit affluent de l’Okavango, l’Omatako river.
Les mâles en maturation sont étonnants et magnifiques lorsque la pruinosité bleue envahi progressivement l’abdomen et laisse transparaître des zones claires:
Je n’ai pas vu de femelle posée ; la seule que j’ai eue la chance de voir était en ponte, gardée par son mâle sur une grande mare près de Rundu. Et sur les femelles la bande thoracique claire est très évidente, même en vol. D’ailleurs c’est curieusement un genre ou les femelles sont plus faciles à identifier que les mâles, car les critères d’identification concernant la coloration, les motifs thoraciques ou abdominaux, ne sont pas en principe, cachés par la pruinosité.
Ci-dessous cette même femelle en ponte dans un fouillis d’herbes, surveillée par son mâle qui s’assure ainsi que les œufs largués à chaque coup d’abdomen dans l’eau, ont bien été fécondés par sa propre semence et qu’un autre mâle ne vienne pas, au moins pour quelques minutes, s’emparer de la femelle pour s’accoupler.
D’ailleurs la photo suivante de ce même mâle en vol permet de comprendre la difficulté à identifier tous ces odonates bleus et pruineux, car parfois et même pour cette espèce, la pruinosité recouvre complètement le thorax et efface cette bande claire si utile; dans ce cas il n’y a plus que l’examen de l’appareil génital secondaire sous le 2° segment abdominal pour se tirer d’affaire
J’ai observé de nombreux accouplements et en particulier sur une mare le 21 février, une véritable frénésie de reproduction, ce qui m’a permis de faire des clichés rapprochés, quand les partenaires se montraient patients.
J’ai eu la surprise de photographier un couple dans lequel le mâle semble immature, au moins selon nos standards habituels qui veulent que la maturité sexuelle ne soit atteinte que lorsque les couleurs adultes sont bien établies; si c’est très souvent le cas, il y a aussi de nombreux exemples ou on a pu observer des mâles pseudo immatures en accouplement ce qui prouve bien qu’ils ne sont pas si immatures!
D’ailleurs on aperçoit que sa coloration est en train d’évoluer puisque les derniers segments abdominaux sont déjà bleus. Enfin à droite une photo de ce couple en tandem ce qui est certainement peu souvent observé, en tout cas je n’avais jamais vu d’Orthetrum dans cette attitude.
On le rencontre sur les berges végétalisées de mares et étangs, en milieu ouvert et sur les parties calmes des rivières.
Il est commun en Afrique, du Cap à la Méditerranée, jusqu’au moyen Orient à l’est et l’Espagne à l’ouest.
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