Onychothemis coccinea est un rare Libellulidae dont le genre comporte 7 espèces. À Bornéo, seul O. culminicola est également présent. On l’en sépare par l’abdomen rouge, marqué d’anneaux sombres, alors que ceux de notre espèce sont très légers. De plus, O. culminicola montre des yeux verts et une tache métallisée noire sur le front et un thorax plus sombre. Il en est cependant bien proche au point que Laidlaw, 1920, l’avait appelé O. culminicola celebensis.
Lieftinck écrit qu’il est « un peu plus élancé [que O. culminicola], on peut le distinguer d’un coup d’œil par la couleur plus vive du thorax et par l’abdomen entièrement non marqué et d’une teinte rouge écarlate brillante ». Mais plus loin, on lit : « Le Dr Ris, dans la monographie de Selys, a déjà attiré l’attention sur la remarquable uniformité des organes génitaux et des appendices anaux des Onychothemis, ces organes n’étant d’aucune utilité pour distinguer les espèces. Je suis maintenant en mesure de confirmer l’affirmation de Ris, car une comparaison directe des pénis (disséqués des corps de culminicola et de coccinea) a révélé que même la forme du troisième segment pénien, avec ses crochets latéraux noirs robustes, fortement chitinisés et comprimés latéralement, et ses deux filaments apicaux recourbés, est pratiquement identique chez les deux espèces. »
Ceci pourrait laisser planer un doute sur la validité de cette espèce, car les abdomens et les thorax ne sont pas si éloignés.
Il est aussi assez proche de Orthetrum chrysis, dont la base des ailes est ambrée et n’a pas de lignes jaunes sur le thorax.
Son abdomen mesure 31 mm, sa longueur totale est d’environ 48 mm.
Lieftinck ne précise pas précisément dans quel milieu il l’a rencontré.
A. G. Orr, 2003 (2) nous dit qu’on trouve O. culminicola principalement sur les rivières rapides en forêt vierge de diptérocarpus variés. Onychothemis coccinea se trouverait plutôt sur les rivières plus lentes ; nous les avons trouvés tous les deux sur la même rivière, assez large, avec quelques rapides par endroits.
Son aire de distribution comprend la Péninsule Malaise, hors Singapour et Bornéo.
IUCN Red List
Étymologie
Onychothemis de onycho, pour griffe, ongle, talon et de Themis. Themis, est la déesse grecque de l’ordre et de la justice, qui a été utilisé de nombreuses fois depuis Hagen (1861), et Brauer a suivi la mode en 1868 quand il a créé ce genre. Le nom de la déesse de l’ordre est particulièrement bien adapté à la taxonomie, science qui vise à décrire et ordonner les familles, genres et espèces.
Lorsque Brauer décrit ce genre (3), il donne un caractère distinctif : »tarses sans dents, tibias avec de longues épines ». Ainsi, les tarses, ou griffes, sans dents, sont à l’origine de ce nom.
Coccinea, du latin coccineus, qui signifie écarlate et se rapporte bien sûr à la couleur de l’abdomen de cet odonate.
Dans sa description de l’espèce, Lieftinck précise : « Tarsal claws toothless. – « Griffes des tarses sans dents. ».
Son nom anglais est Orange riverdarter, qui souligne la couleur de l’abdomen, il est vrai, plus orange que rouge. Cependant, O. culminicola n’a pas de nom vernaculaire, et présente une couleur de fond de l’abdomen tout aussi orange…
1- Lieftinck, 1953 – ADDITIONS TO THE ODONATE FAUNA OF THE INDO-AUSTRALIAN ARCHIPELAGO – Treubia, 22(1), 233-269. P. 264.
2- A Guide to the Dragonflies of Borneo, their identification and biology. A.G. Orr, Natural History Publication (Borneo) – 2003.
3- Heinrich Fliedner, 2020 – The scientific names of Brauer’s odonate taxa – Journal of the International Dragonfly Fund – 148.